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Cotton Club occupe dans la carrière de Francis Ford Coppola la place ingrate d’un film de circonstance, voué à éponger les dettes creusées par le bide du mirobolant Coup de cœur (1982). Coppola retourne donc sous la coupe du producteur Bob Evans, qui l’avait déjà débauché pour réaliser Le Parrain en 1972 à la Paramount, et lui commande cette fois, pour son compte personnel, cette évocation luxuriante du Cotton Club, célèbre cabaret de Harlem sur la scène duquel, à la charnière des années 1920 à 1930 (époque de la Prohibition, mais aussi des débuts du cinéma parlant), se produisaient les plus grands artistes noirs devant une clientèle exclusivement blanche. Les fastes de la reconstitution, mais aussi de sombres péripéties mafieuses, entraînèrent des dépassements de budget faramineux, qui conduisirent cinéaste et producteur devant les tribunaux. Bien parti sur la voie d’un académisme désincarné, Cotton Club s’avère, contre toute attente, une œuvre enlevée, attachante de par ses imperfections mêmes, car faite de fragments inégaux, sans autre liant que l’énergie pure de la mise en scène. Il réduit sa trame à deux parcours d’artistes – un cornettiste blanc (Richard Gere) et un danseur de claquettes noir (Gregory Hines) – évoluant en parallèle, au fil des années, dans la ruche du cabaret. Le club, filmé à grands coups de travellings comme un organisme vivant, est la secrète raison du lien, par ailleurs lâche, entre une galerie de personnages éclatée. Coppola poursuit là, surtout, son éloge persistant du spectacle comme traduction sublimée de complexes intimes, un motif qui traverse en filigrane toute son œuvre.
Mathieu Macheret