Visa de censure n°X

vendredi 15 mars 2019, 22h00

Cinéma Reflet Médicis Hors les murs

22h00 23h05 (65 min)

Le premier titre de Visa de censure n° X fut Psychedelic. Pierre Clémenti a accolé deux courts métrages : Livret de famille et Cartes de vœux, et ajouté une musique. Projeté pour la première fois à la galerie Givaudan à partir du 7 mars 1968, il fut montré, dans des états de montage divers, d’abord accompagné par la musique de Jean-Pierre Kalfon ou Les Jeunes Rebelles (Frédéric Pardo & Didier Léon). Le montage « définitif » du film se fixe en 1975-76, avec une musique de Delired Cameleon Music. En 1999, Pierre Clémenti présente ainsi son film : « Visa de censure. Rencontre de l’image et des pulsions psychédéliques colorées de cette époque acidulée… Désir de retrouver le chant des origines, images qui s’inscrivent jusqu’à nous comme un double et qui nous font signe. » Visa de censure n° X offre tout à la fois une invention compositionnelle radicale (2 films en un), un Journal visuel (spectacles de Johnny Halliday, du Living, vie quotidienne…), une déclaration d’amour intime à son épouse, Margareth Clémenti, une déclaration d’amour universel au monde, une représentation de la vie comme perpétuel déluge de sensations. Avec délice, à la manière d’une grande Arche de celluloïd, le film accueille toute chose (la ville, les êtres humains, les lapins, les lumières, les idées, les images etc…) pour élaborer son propre paradis terrestre. Ce « Paradise Now », emprunté au Living Theater qui depuis 1967 tourne en France, que Pierre Clémenti et ses amis libertaires voient poindre à la faveur des révoltes de Mai 68. Comme les Surréalistes en leur temps, comme au même moment Philippe Garrel avec son Actua I, Gérard Fromanger & Jean-Luc Godard avec leur Film-Tract n° 1968, Pierre Clémenti se porte au service de la révolution avec La Révolution n’est qu’un début – ils sont les trois frégates qui accompagnent la flotille des Ciné-Tracts créée sous l’égide de Chris Marker.

Visa de censure n°X et La Révolution n’est qu’un début accomplissent pleinement les termes de la définition du cinéma comme « perpétuelle révolution romantique » établis par Jean Epstein dans Alcool et cinéma (sd) : « Ce ne fut que dans le cinéma que certains produits mentaux, non encore raisonnés ou non raisonnables, rencontrèrent enfin une technique d’expression [quasi] intégrale. Du cinéma extra-fluide, extra-mobile, aussi irrécupérable, irretraçable, que le mouvement du regard ». La psychédélie euphorique de Pierre Clémenti intègre les images de luttes, d’émeutes, de mort, d’exorcismes dans une énergie radieuse à haute densité mystique qui les absorbe et les transcende en chanson d’amour.

Nicole Brenez


Pierre Clémenti
France / 1968 / 22 min / DCP

Avec Yves Beneyton, Balthazar Clémenti, Margareth Clementi, Tina Aumont.

Manifeste psychédélique pour la révolution permanente.

Restauré par Balthazar Clémenti, l'Institut audiovisuel de Monaco et la Cinémathèque française, en collaboration avec le Forum des Images. Les travaux ont été effectués en 2K par l'Institut audiovisuel de Monaco, à partir de l'inversible original 16 mm.


Pierre Clémenti
France / 1967 / 43 min / DCP

Avec Barbara Girard, Pierre Clémenti, Etienne O'Leary.

« Rencontres de l'image et des pulsions psychédéliques colorées de cette époque acidulée... Désir de retrouver le chant des origines, images qui s'inscrivent jusqu'à nous comme un double et qui nous font signe. » Pierre Clémenti

Numérisé en 2K, à l'Institut audiovisuel de Monaco, à partir de l'internégatif 16 mm et du négatif son par Balthazar Clémenti, l'Institut audiovisuel de Monaco, La Cinémathèque française, en collaboration avec le Centre Pompidou.