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Restauré par le MoMA, avec le soutien financier du fonds de conservation Celeste Bartos.
Après plus de quinze ans d’une carrière d’actrice, qui l’aura vue arpenter les plateaux de Raoul Walsh, Allan Dwan, Henry Hathaway ou Michael Curtiz, Ida Lupino commence à sérieusement s’ennuyer : « Je tournais en rond, me demandant ce que je faisais là à attendre, pendant que quelqu’un d’autre s’occupait de tout le travail intéressant. » Avec son mari, elle monte une société de production indépendante (The Filmmakers), fait ses armes en remplaçant un cinéaste au pied levé (Elmer Clifton, victime d’une crise cardiaque sur le tournage d’Avant de t’aimer) pour finalement réaliser son vrai premier film en 1950.
Galop d’essai d’une courte carrière de cinéaste (sept long métrages), Never Fear aborde une question de société alors brûlante ‒ la polio ‒ comme le feront la plupart des productions The Filmmakers. Film parfois quasi-documentaire, ce drame édifiant marie une romance classique à un didactisme de bon aloi. La poliomyélite est une terra incognita pour la société américaine, effrayée par cette maladie alors incurable, et le film a les vertus pédagogiques d’un certain cinéma américain d’après-guerre. Mais Ida Lupino, qui a été à bonne école ‒ celle de Walsh ‒ évite la plupart des pièges du film dossier. Dès les premiers plans, elle trouve le ton juste, une forme d’équilibre que son héroïne, au fil d’une longue rééducation, cherchera en parallèle à recouvrer. Elle-même atteinte de la maladie, Ida Lupino insuffle à son film une folle énergie, incarnée par la formidable Sally Forrest. Ses plus belles scènes (la mutilation d’un autoportrait en terre glaise, une chorégraphie en fauteuil roulant) annoncent la poésie noire du Voyage de la peur (1953).
Xavier Jamet