Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauré par UCLA Film & Television Archive et la Cinémathèque de Cuba.
Dernier long métrage muet réalisé à Cuba, La Virgen de la caridad est le douzième film du cinéaste Ramón Peón et l’adaptation d’une nouvelle d’Enrique Agüero Hidalgo, vainqueur d’un concours littéraire organisé par le quotidien El Mundo. Le titre, référence à un symbole national, avait longtemps façonné une réputation de film religieux ; il sera cependant redécouvert lors d’une projection organisée en 1960 par l’Instituto Cubano del Arte e Industria Cinematográficos, à laquelle assistent Néstor Almendros et Georges Sadoul, qui qualifie le film de « néoréaliste ». Le mélodrame amoureux, prenant ici pour cadre le milieu paysan, se double d’une évocation, subversive, d’une réalité sociale historique : celle de la dépossession des paysans de leurs terres par de riches propriétaires terriens.
Après El Veneno de un beso (1929), La Virgen de la caridad est le deuxième et dernier film réalisé par Peón pour la B. P. P., ambitieuse mais éphémère société de production fondée par le cinéaste avec Arturo « Mussie » del Barrio et Antonio Perdices (le « Rudolph Valentino cubain »). Les intertitres anglais-espagnol trahissent l’objectif, non-concrétisé, de distribuer le film aux États-Unis. Le contexte économique et politique, extrêmement difficile, aura mis un frein au développement du cinéma national et contraindra Peón à émigrer aux États-Unis, puis au Mexique.
Le critique de cinéma José Manuel Valdés-Rodriguez présentait le film comme la « première tentative véritablement aboutie de production cinématographique nationale ». Pour l’historien du cinéma Luciano Castillo, c’est l’œuvre la plus ambitieuse du cinéma cubain de la période pré révolutionnaire, et la meilleure de son auteur.
Laurent Husson