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Restauré par Cineteca di Bologna en collaboration avec Ila Palma, à partir du négatif image et son.
Deuxième film de Daniele Ciprì et Franco Maresco, après L’Oncle de Brooklyn rappelé explicitement dans l’incipit, Totò qui vécut deux fois est immédiatement victime de censure. La projection du film est dès lors interdite car jugé trop dégradant pour « la dignité du peuple sicilien, du monde italien et de l’humanité ». Suite à une décision en appel, le jugement est allégé : le film est interdit seulement – façon de parler – au moins de 18 ans. Cependant, cette petite victoire n’aide pas le film à sortir de la niche où il était relégué. Il reste quasiment impossible pour la majeure partie du public de le voir en salle. La version restaurée que nous présentons aujourd’hui, vingt ans plus tard, lorsque Ciprì et Maresco sont désormais deux auteurs classiques du cinéma italien, permet enfin de restituer cette œuvre en partie méconnue.
Emiliano Morreale notait : « Par rapport au cinéma italien des années 1990, Totò semble arriver de très loin, avec son air des années 1950 mais sans s’inquiéter des mœurs de l’époque ». Il y a d’ailleurs une raison à cet air rétro : cette résistance à la modernité et à l’homologation que le monde évoqué dans le film revendique, avec ses mouvements presque démodés dans un univers de sons, d’actions et de causes qui paraissent vraiment de science-fiction. La figure de l’homme nu avait disparu non seulement du cinéma italien et les pulsions élémentaires des personnages du film sont bien loin des psychanalystes engagés et des jeunes chômeurs. Faim de sexe, de nourriture, un dialecte mélodieusement obscène et une religiosité charnelle au bord du blasphème. Ciprì et Maresco sont vraiment, comme Bernardo Bertolucci les a décrits, « deux grands maniéristes de Palerme ». »
Gian Luca Farinelli