Ragtime

vendredi 15 mars 2019, 20h00

Cinéma Le Méliès Hors les murs

20h00 22h35 (155 min)

Milos Forman
États-Unis / 1981 / 155 min / DCP / VOSTF
D'après le roman Ragtime d'E. L. Doctorow.

Avec James Cagney, Mary Steenburgen, Elizabeth McGovern.

Les destins croisés d’hommes et de femmes de milieux différents dans le New York du début du XXème siècle qui s’éveille au jazz, au ragtime…

Copie DCP 2K d’après numérisation par Technicolor pour Paramount fin 2011.
Ressortie le 20 mars 2019 en salles par Lost Films et l’Atelier Distribution, et en DVD-Blu Ray par L’Atelier d’images et Arte Editions.


Ragtime est le septième film de Milos Forman, une production conséquente de Dino de Laurentiis, sorti en 1981. C’est l’adaptation d’un roman d’E. L. Doctorow, lui-même adapté de la nouvelle d’Heinrich Von Kleist, Michael Koohlhas.
On retrouve la nouvelle de Kleist, l’idée que la justice s’accomplisse de manière absolue, que le combat qu’on mène pour elle détruise tout. Ici, celui d’un homme rangé, pianiste noir au relatif succès, contre l’injustice et les agents soumis d’un système qui la dirige, qui mettra en péril l’environnement sécurisant de sa cellule familiale et sociale, jusqu’à sa destruction et, par son engrenage implacable, jusqu’à la mort.
C’est une image de l’Amérique que traduit Forman à travers cette histoire. On sent un cinéaste qui prend plaisir à mêler la grande histoire aux petites, dans cette fresque où les destins se lient et se croisent. Il oppose ainsi des destins divergents, ceux de puissants capitalistes hystériques (le personnage de Harry K. Thaw, milliardaire assassin), celui du révolté noir délirant (Walker Coalhouse), ceux de ses disciples terroristes que rejoint un jeune Blanc anarchiste (Brad Dourif) et ceux d’immigrés d’Europe de l’Est qui survivent par l’audace (le personnage du réalisateur).
On reconnaît un discours de Forman qui, en imposant une maîtrise formelle d’une efficacité étourdissante tout en y inscrivant des personnages sensibles, dépeint une Amérique complexe dont les héros ne sont pas ceux qui font l’Histoire, mais ceux qui savent assumer ce que leur destin bouleverse et qui font face. Un discours de « dissident », au service du cinéma.

Matthieu Grimault