Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Ragtime est le septième film de Miloš Forman, une production conséquente de Dino de Laurentiis, sorti en 1981. C'est l'adaptation d'un roman d'E. L. Doctorow, lui-même adapté de la nouvelle de Heinrich von Kleist Michael Koohlhas. On retrouve de la nouvelle de Kleist l'idée que la justice s'accomplisse de manière absolue, que le combat qu'on mène pour elle détruise tout. Ici, celui d'un homme rangé, pianiste noir au relatif succès, contre l'injustice et les agents soumis d'un système qui la dirige, qui mettra en péril l'environnement sécurisant de sa cellule familiale et sociale, jusqu'à sa destruction et, par son engrenage implacable, jusqu'à la mort. C'est une image de l'Amérique que traduit Forman à travers cette histoire. On sent un cinéaste qui prend plaisir à mêler la grande histoire aux petites, dans cette fresque où les destins se lient et se croisent. Il oppose ainsi des destins divergents, ceux de puissants capitalistes hystériques (le personnage de Harry K. Thaw, milliardaire assassin), celui du révolté noir délirant (Walker Coalhouse), ceux de ses disciples terroristes que rejoint un jeune blanc anarchiste (Brad Dourif) et ceux d'immigrés d'Europe de l'Est qui survivent par l'audace (le personnage du réalisateur). On reconnaît un discours de Forman qui, en imposant une maîtrise formelle d'une efficacité étourdissante tout en y inscrivant des personnages sensibles, dépeint une Amérique complexe dont les héros ne sont pas ceux qui font l'Histoire, mais ceux qui savent assumer ce que leur destin bouleverse et qui font face. Un discours de « dissident », au service du cinéma.
Matthieu Grimault