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Restauré en 2018 par les Productions Écran Noir et la Fondation Cineteca di Bologna, sous la direction d'Ebrahim Golestan. Travaux réalisés grâce au soutien de la Fondation Cineteca di Bologna et de Fereydoun Firouz.
Premier vrai chef-d'œuvre du cinéma iranien, La Brique et le Miroir, a pour sujet la peur et la question de la responsabilité dans la période qui suivit le coup d'État de 1953. Il s'agit d'un conte dostoïevskien, dont le personnage principal est un chauffeur de taxi de Téhéran déterminé à retrouver la mère d'un bébé abandonné. Ce récit sert à dresser le portrait d'une société empreinte de corruption morale et généralement aliénée sous un jour éprouvant, offrant ainsi une vision personnelle, mais de portée universelle, à un contexte social très spécifique. Les personnages parlent le plus souvent sans communiquer. Leurs monologues tombent dans les oreilles sourdes de la nuit sans fin qu'ils semblent habiter. La voix de l'auteur vient étayer une écriture cinématographique et une mise en scène magnifiques. On l'entend d'abord réciter un poème à la radio afin de prévenir les auditeurs contre les dangers de la nuit, puis restituer la parole divine incarnée dans le Coran. Ici, divinité et poésie surgissent dans les endroits les plus improbables : café enfumé, bazar désert ou orphelinat. Le titre rappelle une citation du poète Attar : « Ce que vieillesse perçoit dans une brique de terre / jeunesse contemple dans son miroir ». Mariage de réalisme et d'expressionisme, la réalisation repose aussi, pour la première fois en Iran, sur l'usage d'un son direct, dont la précision et l'attention au détail sont soulignées par l'absence de musique, renforçant ainsi le sentiment claustrophobe du format large. Montrer ce film à la Cinémathèque française constitue un véritable événement, un retour et un renouveau : c'est grâce à l'enthousiasme d'Henri Langlois qu'il y rencontra presque pour la première fois un public international.
Ehsan Khoshbakht