Master class de Garrett Brown

vendredi 15 mars 2019, 19h30

Salle Henri Langlois

19h30 23h00 (210 min)

90 min

Le 16 septembre 1974, Garrett Brown dépose aux États-Unis un brevet pour un nouveau système de stabilisation de caméra portée : le Steadicam (de steady camera, caméra stable). Désormais, grâce à cet appareil génial, on peut déplacer la caméra en courant, en montant ou descendant un escalier, tout en gardant une grande stabilité d'image. Toute une nouvelle esthétique cinématographique en découle. Le Steadicam colle réellement à l'action qu'il filme : on s'en sert sur un terrain accidenté, dans des plans-séquences, ou des scènes avec beaucoup d'action dans le cadre. Le Steadicam fait ses débuts sur Bound for Glory de Hal Ashby (1976). Le procédé arrive en France la même année, adopté par Noël Véry, Yves Nolleau, Jacques Monge. Dans Rocky de John Avildsen (1976), le Steadicam accompagne Sylvester Stallone sur le ring ou sur les marches du musée de Philadelphie. Dans The Shining de Stanley Kubrick (1980), l'appareil est magistralement utilisé, grâce d'ailleurs à Garrett Brown qui le manœuvre lui-même pendant le tournage. Brian De Palma (Snake Eyes, 2001), Martin Scorsese (Les Affranchis, Casino), Terrence Malick (La Ligne rouge) s'en servent pour des plans d'une parfaite vélocité et fluidité. Garrett Brown, qui a reçu deux Oscars, est aussi l'inventeur de nombreux dispositifs ingénieux pour rendre la caméra toujours plus fluide et libre : FlyCam, SuperFlyCam, SkyCam, DiveCam, MobyCam...

Avec la collaboration d'Aaton Transvidéo.


John G. Avildsen
États-Unis / 1976 / 120 min

Avec Sylvester Stallone, Talia Shire, Burt Young.

Dans la banlieue de Philadelphie, Rocky Balboa gaspille son talent de boxeur en jouant les gros bras pour le caïd local. L’opportunité d’un combat contre le champion du monde sera pour lui l’occasion d’un regain de fierté.

Jamais sans doute série de films n'aura aussi bien épousé les évolutions et détours de la carrière de son auteur-interprète que la saga Rocky. De la vache enragée à la gloire, de la toute-puissance des années 1980 au regard nostalgique des années 2000, Sylvester Stallone a fait de ce personnage, retrouvé tout au long de sa carrière, un vrai double de cinéma. Quand il écrit le film en 1975, Stallone n'est qu'un acteur de seconde zone avec une poignée de petits rôles à son actif et cent six dollars en banque. Il parvient à intéresser des producteurs auxquels il refuse de céder les droits de son scénario s'il ne tient pas le rôle-titre. Devant l'insistance de l'auteur, la United Artists, qui veut Robert Redford, Burt Reynolds ou James Caan, prend le risque de financer le film en divisant le budget par deux. Largement inspirée par la vie de Stallone, cette histoire d'outsider, nourrie des propres frustrations de son auteur, deviendra un véritable phénomène. Alors qu'il s'apprête à quitter Philadelphie, où il réside, pour essayer de commercialiser son Steadicam à Los Angeles, Garrett Brown ressent le besoin d'ajouter à sa bande-démo un plan suffisamment fort pour interpeller les plus aguerris des cinéastes. Il décide alors de faire gravir et redescendre à sa petite amie les escaliers du Musée d'art de Philadelphie en la suivant à la caméra. Armé de ce film, Brown vend son dispositif le premier jour de sa prospection. Quand John Avildsen découvre quelques mois plus tard les images pendant la préparation de Rocky, il décide de reproduire la séquence dans son film et lie à jamais dans l'imaginaire des spectateurs ce jalon de l'histoire du cinéma populaire à ce procédé technique et à son inventeur.

Olivier Gonord