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« Le plus important dans un film, ce sont les mystères, ce qui est au-delà de la raison et du langage » ; en constante révolution artistique mais toujours via l'expérimentation technique, comme s'il voulait à chaque fois raconter une histoire comme cela n'avait jamais été fait, Stanley Kubrick, après la lumière à la bougie de Barry Lyndon, exige le mouvement caméra à la fluidité absolue pour Shining. Déjà, en 1974, Kubrick reçoit une démo filmée avec un prototype. Il répond : « Cela devrait révolutionner la manière de filmer. J'ai une question : y a-t-il une hauteur minimale à laquelle ce mystérieux stabilisateur peut être utilisé ? » Adaptation d'un roman plutôt banal de Stephen King, Shining aspire à transcender l'invisible et, accessoirement, à devenir le film d'horreur ultime. Si chaque détail devient un élément intellectuel et narratif, l'art nouveau du Steadicam fait de tout le film un symptôme, sublimant le message cinématographique, que ce soit à tricycle sur une moquette au motif indélébile ou lors d'une poursuite dans un labyrinthe enneigé tout aussi inoubliable. Kubrick aime amplifier à l'extrême, que ce soient les contre-plongées délirantes ou les expressions outrées de ses acteurs. Mais finalement, le plus spectaculaire, ce qui devient par la suite l'image référence du film, réside dans une idée simplissime : filmer à hauteur d'enfant, en caméra portée, mobile et ultra rapide, en frôlant les murs et près du sol, à la manière d'un « tapis volant ». Le Steadicam est ainsi perfectionné, en liaison (radio et retour vidéo) directe avec le cinéaste. Coïncidence ou pas, le petit Danny fait le même poids qu'une caméra Arriflex 35BL.
Émilie Cauquy