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Film restauré en 4K à partir du négatif 35 mm original par Kadr Film Studio dans le cadre du programme Polish Film Classics.
Au début des années 60, le soleil se lève décidément à l'Est. Corps d'acteur keatonien et cinéaste virtuose, très à son aise pour orchestrer la vitesse et le chaos, Skolimowski s'amuse follement avec le cinéma, vu – à la façon d'Orson Welles – comme le plus beau des trains électriques.
Frédéric Bonnaud
Dans le prolongement de son premier film, Signes particuliers : néant, Jerzy Skolimowski écrit et réalise Walkower en 1965 en République populaire de Pologne encore sous contrôle soviétique. Influencé par une Nouvelle Vague naissante en Europe, en France comme dans les pays de l'Est, dont il sera l'un des maîtres d'œuvre, le cinéaste poursuit sa déambulation en reprenant son personnage principal, qu'il interprète lui-même. Andrzej, trentenaire charismatique et indomptable, semble vivre sans illusions, refusant de participer à un monde qui ne lui convient pas, ne se reconnaissant ni dans le « peuple travailleur », ni dans la peau du boxeur qu'il était jadis. Sous le charme de Teresa, ancienne étudiante en polytechnique sur le chemin de la réussite, il l'accompagnera et remontera sur le ring. Au détour d'une conversation, un faux prêtre un peu dérangé l'encourage à se confesser. À la question : « Quelles fautes avoue-t-on d'habitude ? », l'homme répondra : « De ne plus croire en rien, ou d'être coupable de la mort d'un autre. » Ainsi, en donnant souvent la parole aux fous, aux bureaucrates et aux situations absurdes, Jerzy Skolimowski fait cheminer ce jeune couple polonais dans Płock, ville en devenir, qui semble davantage se déconstruire, offrant des paysages chaotiques, industriels et désenchantés. Leurs égarements sont des longs plans-séquences, inventifs et élaborés. Le montage et les raccords sont à contre-courant des règles établies, les regards caméras surprenants et les dialogues impertinents. Walkower annonce la puissance du cinéma de Skolimowski, un crochet du gauche qui encore aujourd'hui laisse des traces.
Hervé Pichard