Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauration 2K financée par Malavida et réalisée par Titra films, à partir d'un fichier réétalonné et validé par Willy Kurant.
En 1966, Jerzy Skolimowski présente son troisième long métrage, La Barrière, au festival de Bergame, où il remporte le Grand prix. Il y fait aussi la connaissance de Bronka Ricquier, une Polonaise cinéphile installée en Belgique, mariée à éditeur de revues automobiles, qui lui propose de participer au financement de son prochain film. Pour Skolimowski, figure de proue avec Roman Polanski du jeune cinéma polonais, c'est l'occasion de tourner pour la première fois hors de son pays. Son coscénariste Andrzej Kostenko et lui se lancent alors dans l'écriture d'un récit situé dans une décharge, intitulé (à en croire le cinéaste) Le Dépotoir. En route pour la Belgique, Skolimowski, insatisfait du scénario encore inachevé, saute soudain sur une autre idée – que Kostenko et lui passeront les jours suivants à développer sous l'étroite surveillance de leur productrice furieuse. Tourné en trois semaines dans les rues de Bruxelles par un cinéaste qui ne parle pas la langue de ses acteurs, Le Départ est fidèle aux instincts de son auteur, « poète et boxeur » porté par le goût du jeu et de l'engagement physique : film de l'élan, du coq-à-l'âne et de la dépense sans compter (au risque assumé de la dispersion), ouvert à l'instant et aux bifurcations possibles qui s'y logent, il est en pleine affinité d'esprit avec le jazz free de sa bande-son, dû à un musicien essentiel, Krzysztof Komeda. Sur l'écran, cet élan est porté par une silhouette familière, celle de Jean-Pierre Léaud, plus burlesque que jamais, saisi d'accélérations imprévisibles, d'arrêts brusques et de redémarrages soudains. Et il faut attendre la ligne d'arrivée pour comprendre que, tout capricant qu'il soit, Le Départ savait magnifiquement où il voulait aller.
Nicolas Le Thierry d'Ennequin