Caligula

jeudi 14 mars 2019, 14h00

Salle Georges Franju

14h00 16h40 (156 min)

Tinto Brass
Grande-Bretagne-Italie / 1977 / 156 min / 35 mm / VF

Avec Malcolm McDowell, Peter O'Toole, John Gielgud.

Pour obtenir le pouvoir, le sanguinaire Caligula n'hésite pas à tuer l'empereur de Rome, son grand-père adoptif. Très vite, les signes de sa folie se manifestent.

Film interdit aux moins de 16 ans.


« De mon point de vue, la quintessence du mauvais goût, dans tout ce qu'il a de meilleur. » (Nicolas Winding Refn)

À l'origine de ce projet extravagant que fut la réalisation de Caligula, il y a Bob Guccione, propriétaire du magazine Penthouse qui avait révolutionné la presse érotique par son audace. Guccione se lance en effet, vers le milieu des années 1970, dans la production d'un film à grand spectacle contant l'ascension et la chute de l'empereur Caligula. Le scénario en est confié à Gore Vidal, la réalisation à Tinto Brass, auréolé du succès de Salon Kitty, et les décors à Danilo Donati, fidèle collaborateur de Federico Fellini. Le tournage, où se mêlent acteurs shakespeariens et modèles de cinéma érotique, est particulièrement accidenté et va durer presque quatre ans. Peu satisfait des séquences érotiques tournées par Tinto Brass, Guccione réalise, la nuit, dans les décors même du film et à l'insu du réalisateur, des scènes « hardcore » (mettant en scène des actes sexuels non simulés) à l'insu du reste de l'équipe. Si le résultat s'avère hautement délectable, c'est sans doute grâce au talent de Tinto Brass, à son génie visuel et à son érotomanie naturelle, même s'il fut écarté du montage par Guccione. On le doit aussi à cette manière si savante de mêler la culture « haute » (l'Histoire, le théâtre shakespearien, la musique de Prokofiev) et la culture « basse » (l'érotisme soft, la pornographie se nourrissant de délectables perversions, la bande dessinée), dans une orgie pop et luxueuse proprement unique dans l'histoire du cinéma. Le film eut de nombreux démêlés avec la censure et sortit dans différentes versions selon les pays. C'est la version non édulcorée qui sera proposée au spectateur. Heureux spectateur.

Jean-François Rauger