Les Prédateurs

jeudi 9 mai 2019, 19h00

Salle Georges Franju

19h00 20h55 (113 min)

Leos Carax
France / 1979 / 16 min / 35mm

Avec Éric Frey, Hans Meyer, Anne Petit-Lagrange.

Au cours d'une nuit parisienne, Paul joue à étrangler Colette. Au petit matin, il prend la fuite.


Tony Scott
Grande-Bretagne / 1982 / 97 min / 35mm / VOSTF
D'après le roman Les Sanguinaires de Whitley Strieber.

Avec Catherine Deneuve, David Bowie, Susan Sarandon.

Miriam, une vampire âgée de trois mille ans, a offert l'immortalité à son compagnon. Mais il est frappé de vieillissement accéléré, et contacte la spécialiste Sarah Roberts pour enrayer le processus. Miriam tombe sous le charme de la jeune doctoresse.

« Quand j'étais jeune, à Manhattan, deux de mes activités préférées étaient de passer mes soirées à Danceteria ou à Save The Robots, et puis d'aller voir The Hunger au Cinema Village. » (Nicolas Winding Refn)

Si Les Prédateurs n'était pas un film de vampires, ça serait tout simplement un film d'amour fou. Les époux Blaylock, liés pour l'éternité, « forever and ever », traversent les espaces-temps avec une grâce érotico-macabre. Tony Scott signe un film légendaire sur la puissance absolue du désir, dont il révèle l'envers morbide et moite (pluies diluviennes, douches érotiques et piscines post-La Féline). À la beauté fatale et narcissique du couple Baylock répond le bain de sang qu'il répand, sur les visages expressément filmés en gros plan, de ceux qu'ils tuent pour se nourrir, et de ceux qu'ils dévorent pour les convertir. Film-microscope, Les Prédateurs scrute au plus près la mécanique organique de la passion, l'emballement des cellules. Tout dans la mise en scène converge pour créer une temporalité où passé/présent/futur se superposent. Les Prédateurs est un film de montage, où les coupes brutales sculptent un objet tranchant, à l'image du New York des années 80. L'époque est à la peur de l'épidémie dont on ne donne pas le nom. Mais tout est là pour la désigner en creux : le punk, l'underground, la drogue, jusqu'aux singes en laboratoire qui rappellent les origines simiennes de la maladie. C'est l'époque du sida et de la multiplication des écrans : écran de surveillance ou de télévision. Le sida détruit les corps. Les écrans détruisent le cinéma. Le film lui-même finit par détruire les codes qu'il s'était fixés. Et si l'amour fou avait une fin ? Scott va plus loin : l'éternité aussi.

Matthieu Orléan