Lumière d'été

vendredi 29 mars 2019, 16h30

Salle Henri Langlois

16h30 18h25 (112 min)

Jean Grémillon
France / 1942 / 112 min

Avec Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Paul Bernard, Madeleine Robinson.

Tourné en zone libre sous l'Occupation, Lumière d'été est passé du statut de film censuré, maudit, à celui d'œuvre majeure du cinéma français. Au plus près de la vérité de ses personnages, Grémillon raconte l'affrontement de deux mondes au creux desquels se joue un drame intimiste. Une ronde de la passion amoureuse, portée par la poésie des dialogues, signés Prévert et Pierre Laroche.

Censure, difficultés de production, un tournage en zone libre sous l'Occupation, des noms comme celui de Trauner, décorateur juif, passés sous silence au générique, et un très mauvais accueil à sa sortie... Lumière d'été achève d'installer Grémillon en cinéaste maudit. Et pourtant, cette parabole au sous-texte anti-collaborationniste, émaillée de détails à double sens, contient toute l'essence de son cinéma. Un cinéma social, limpide, parfois hors du temps, comme détaché, presque onirique. Grémillon filme l'affrontement de deux mondes aux creux desquels se joue un drame intimiste. « Grémillon retravaille autrement le rapport entre les gens et se trouve au plus près de leur vérité », expliquait Jean Douchet. Ici, c'est à la fois la droiture des personnages tendus vers un but simple et noble (Michèle et son amour) ou leur faiblesse et leur humanité, en même temps qu'un très beau portrait de femme. Sélectionné au Festival du film maudit de Biarritz en 1949, Lumière d'été parvint, par la poésie réaliste des dialogues signés Prévert et Laroche, et par l'interprétation des comédiens, à séduire les cinéphiles. Henri Langlois ne s'y trompera pas, qui, après avoir porté Grémillon à la présidence de la Cinémathèque française, se démènera pour acquérir le film et en tirer de précieuses copies, tordant ainsi le cou à la malédiction.