La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz

vendredi 6 mai 2011, 21h30

Salle Georges Franju

21h30 23h00 (90 min)

Luis Buñuel
Mexique / 1955 / 90 min
D'après le roman Ensayo de un crimen de Rodolfo Usigli.

Avec Ernesto Alonso, Miroslava Stern, Rita Macedo.

Après la mort accidentelle suspecte d'une jeune infirmière, Archibald de la Cruz, grand bourgeois de Mexico, se confie au juge et lui fait le récit de ses pulsions de tueur de femmes.

Restauration par la Cineteca Nacional México, avec le concours du Sindicato de Trabajadores de la Producción Cinematográfica (STPC).


Au temps de la révolution mexicaine, un garçonnet écoute émerveillé la précieuse boîte à musique prêtée par sa mère, quand sa jeune gouvernante s'effondre soudain au sol, frappée par un coup de feu, dévoilant au petit Archibald le trésor inespéré de sa cuisse gainée d'un bas. Une scène primitive, double révélation de la mort et du désir, du délice et de l'effroi indissociablement mêlés, par laquelle Archibald, désormais homme mûr, grand bourgeois mais artiste (il fabrique des céramiques), séducteur mais tourmenté, tente d'expliquer celui qu'il est devenu. Chez Buñuel, pourtant, aucun freudisme tortueux : la folie plus ou moins ordinaire, les obsessions qui pullulent, tout se joue à livre ouvert dans une logique désarmante d'évidence. « Les souvenirs d'enfance sont sacrés », remarque ingénument l'antiquaire chez qui Archibald retrouve la boîte à musique de son passé. Si les souvenirs d'enfance sont sacrés, les pulsions qu'ils réveillent par conséquent aussi. Et c'est ainsi que le personnage buñuelien peut « songer au pire sans jamais penser à mal » (Charles Tesson). Dans la bonne société de Mexico, où l'on navigue de chapelle en casino, Archibald trame le pire en toute innocence. La Vie criminelle d'Archibald de la Cruz est l'un des grands films de la passionnante carrière mexicaine de Luis Buñuel, un chef-d'œuvre d'humour noir et d'amoralité (on y trouve quelques images parmi les plus choquantes faites au cinéma), dans une fidélité totale à l'esprit du surréalisme.

Nicolas Le Thierry d'Ennequin