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Copie 35mm teintée, restaurée par le BFI National Archive.
Dans l’œuvre du cinéaste allemand Ewald André Dupont, le milieu du spectacle est une façade luxueuse et frivole dont les coulisses sont le théâtre des plus sombres tragédies amoureuses.
Piccadilly est le second – et dernier – long métrage muet tourné par le réalisateur en Angleterre, et peut être considéré comme la troisième partie d’un triptyque réunissant Variétés (1925, son chef-d’œuvre) et Moulin Rouge (1928). L’ivresse provoquée par la fête, la danse, les tourments de l’âme est une nouvelle fois magistralement rendue par Dupont, qui poursuit avec le chef-opérateur Werner Brandes son travail de libération de la caméra à travers d’audacieux mouvements d’appareil.
Le film met en scène la relation triangulaire principale entre un directeur de night-club, sa première danseuse et maîtresse, dont le succès public est remis en question après le départ de son partenaire de show, et une modeste laveuse de vaisselle d’origine chinoise, danseuse amateur au charme aussi naturel que dangereux. Dans ce dernier rôle éclate la photogénie de l’actrice sino-américaine Anna May Wong, qui défia les codes de son temps par son jeu, son érotisme et son refus des représentations stéréotypées – refus qui l’obligea à quitter les États-Unis pour trouver une plus grande liberté artistique en Europe. Le film de Dupont tend un étonnant miroir à ce parcours unique, tirant parti de l’exotisme de ce personnage tout en pointant sans détour la ségrégation raciale ordinaire. En suivant l’histoire de ce personnage hors du commun, Piccadilly offre en outre une plongée dans les quartiers populaires de Limehouse, inspirée de l’œuvre littéraire de Thomas Burke (adaptée par D. W. Griffith dans Le Lys brisé en 1919) et de ses représentations du premier Chinatown londonien.
Laurent Husson