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L'ensemble des éléments de la restauration est conservé au BFI National Archive. Le travail de reconstitution a consisté à intégrer du matériel de huit différentes copies, incluant les éléments nitrate d'époque, parfois seulement des photogrammes, afin d'obtenir la meilleure qualité possible.
Rares sont les cinéastes à commencer leur carrière par une œuvre réflexive sur le cinéma. Pour son premier film, dont la réalisation fut supervisée par A. V. Bramble, Anthony Asquith opéra une déconstruction audacieuse de l’illusion cinématographique. Vedette au fort tempérament, Mae Further vit une liaison avec Andy Wilks, star de films burlesques, et s’éloigne de son mari et partenaire à l’écran, Julian Gordon. Cette intrigue amoureuse n’est pas seulement pour Asquith le prétexte à un regard satirique sur le milieu du cinéma ; le cinéaste dresse un parallèle entre l’illusion amoureuse et l’illusion cinématographique. Contemplant une photographie d’exploitation idyllique du dernier film tourné avec son épouse, intitulé ironiquement My Man, Julian, avec une mélancolique lucidité, en vient notamment à se dire que « la vie devrait davantage ressembler aux films »…
Un drame au studio fut un film charnière pour la British Instructional, alors réputée pour ses documentaires de reconstitution. Il était sans doute à ce titre le projet idéal pour initier une telle transition : l’intrigue offre à Asquith et Bramble le cadre à une peinture quasi documentaire de la vie d’un studio, dont le réalisme est amplifié par une attention portée aux « oubliés » de l’histoire du cinéma : les techniciens, les musiciens de plateau, les figurants, et même les spectateurs qui ont le privilège d’assister aux tournages en extérieurs. Le vérisme du film s’accompagne toutefois d’un sens aigu du rythme et d’audaces formelles propres aux premiers films d’Asquith, qui ont amené la critique d’époque à le considérer instantanément, à l’instar du déjà renommé Alfred Hitchcock, comme un acteur majeur du renouveau du cinéma anglais.
Laurent Husson