La Pierre lancée

samedi 10 mars 2018, 11h00

Salle Jean Epstein

11h00 12h25 (84 min)

La Pierre lancée Feldobott kő
Sándor Sára
Hongrie / 1968 / 84 min / DCP / VOSTF

Avec Lajos Balázsovits, Nadesda Kazassian, Todor Todorov.

Admis pour étudier le cinéma, Balázs ne peut entamer son cursus à cause de la disgrâce frappant sa famille. Formé comme géomètre, il parcourt les campagnes de Hongrie au service de la collectivisation.

Restauré en 4K par les Archives Nationales Hongroises du Film de la Hongrie et le Hungarian FilmLab, avec le soutien de l'Académie Hongroise des Arts, à partir du négatif image et du son d'origine. Étalonnage numérique dirigé par Sándor Sára.


La filmographie de Sándor Sára se déplace entre la fiction et le documentaire, et si ce premier long métrage penche du côté de la première, le second y tient une place prépondérante, pas seulement en raison de la dimension autobiographique ‒ les origines rurales de Sára, ses études de géodésie, sa pratique de la photographie, ses propres désillusions…

La Pierre lancée est aussi largement nourri par un jalon documentaire réalisé quelques années auparavant : Cigányok (Les Tsiganes, 1962). Ce court exprime déjà une sophistication formelle (les virtuoses compositions graphiques en noir et blanc, l’intégration des images fixes) et une évocation accusatrice de la condition des Tsiganes hongrois, convoquée dans la partie finale de La Pierre lancée.

Alors que Balázs ne peut s’adonner, en raison de la disgrâce politique familiale, aux études de cinéma qui lui était promises, il se forme au métier de géomètre, et n’a jamais loin de son viseur un appareil photo. Amené à battre la campagne en compagnie d’un communiste grec zélé et de sa compagne, il tente de convertir les paysans à la collectivisation.

Le film suit le personnage dans une sorte d’errance où le désenchantement se fait toujours plus prégnant. S’il est privé des moyens de faire du cinéma, il y a recours (superbe séquence de projection en plein air) et, comme un cinéaste en gestation, ce travail le maintient dans une expérience du regard. C’est précisément par ce biais que le personnage parvient à la révélation – dans un sens aussi photographique : des visages humiliés déshabillent la réalité de ses dernières illusions.

Arnaud Hée