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Dans les années d’après-guerre, Florenz Ziegfeld (1867-1932) et ses spectacles d’antan sur Broadway ont plus que jamais le vent en poupe à Hollywood : Show Boat par exemple, superproduction MGM qui reprend en 1951 ce musical des années 1920 faisant revivre les années 1890… L’esprit du grand entrepreneur flotte aussi sur Easter Parade (1948), chassé-croisé amoureux au temps béni d’avant la Grande Guerre. Le roi du divertissement, devenu personnage, apparaît ces mêmes années dans The Story of Will Rogers, The Eddie Cantor Story… Et bien sûr au début de Ziegfeld Follies sous les traits de l’acteur William Powell. Aux toutes premières images, une caméra survole trois noms inscrits dans un ciel d’éternité : Shakespeare, Barnum, Ziegfeld. Voilà qui est clair. Fidèle au modèle canonique des « Follies » – ces shows qui ont occupé la scène new-yorkaise chaque année de 1907 à 1931 –, le film enchaîne sans la moindre continuité narrative et temporelle, bien au contraire, ici un sketch (les parties les plus pénibles), là une danse (Minnelli aux commandes et ça se voit), ailleurs du chant (pénible aussi). Partout ou presque règne une esthétique de tableaux vivants faisant assaut de décors et costumes, de filles tout en plumes et voilages, de visions en Technicolor, de chorégraphies étonnantes ou absurdes, c’est selon. Partout ou presque un néoclassicisme d’opérette. Partout, une gaieté forcenée et une opulence euphorique, celles d’un pays riche qui a gagné la guerre, le sait et entend pousser son avantage.
Sept réalisateurs, des scénaristes par dizaines, tout un défilé de stars et Fred Astaire en tête, tout cela pour regretter des shows comme on n’en fait plus et, en même temps, afficher ici et maintenant la puissance du système des Studios, capable à lui seul ou lui seul capable de faire revenir le temps d’un temps supposé sans histoire.
Bernard Benoliel