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Les éléments d'origine, conservés par la Filmoteca de la UNAM, ont été numérisés par le Laboratoire Numérique de la Filmoteca de la UNAM, à partir d'un négatif 35mm.
À peine deux ans après avoir tourné Distinto amanecer, Julio Bracho réalise Crepúsculo, l’histoire d’un chirurgien torturé par son amour obsessionnel pour Lucía, la femme de son meilleur ami. L’histoire est racontée en flashbacks et partiellement sous la forme d’un aveu à l’ami en question. Cette structure rappelle celle d’Assurance sur la mort de Billy Wilder, sorti l’année précédente. Il s’agit de chroniquer le déclin psychologique d’Alejandro, qui s’enclenche lorsqu’il tombe sur une sculpture en pierre qui représente Lucía nue. Cette séquence est l’une des plus frappantes du film. Le docteur tombe par hasard sur le sculpteur au travail : « C’est alors que je vis pour la première fois l’ombre du monstre, qui allait me conduire vers un destin tragique », se souvient-t-il. Un fondu au noir fait surgir le visage vivement éclairé et immobile de Lucía, image à jamais et intimement associée à la tragédie. Le directeur de la photographie, Alex Phillips, construit une lumière très contrastée, qui souligne la thématique obsessionnelle de l’opposition entre jour et nuit. Le titre doit se comprendre comme la métaphore de la névrose du protagoniste, « entre jour et nuit, entre beauté et crime, entre ce qui est et ce qui n’est pas ».
Le scénario repose sur l’idée d’un dédoublement de la personnalité, qui présage d’une préoccupation fréquemment explorée par la suite dans le film noir mexicain, par exemple dans Double destinée de Roberto Gavaldón et Que Dios me perdone de Tito Davison. Alejandro se détache de lui-même à mesure que croît son obsession pour Lucía, jusqu’à entendre sa propre voix lui parler comme si c’était celle d’un autre : « Tu parles et en même temps ce n’est plus toi qui parles. C’est l’autre. »
Chloë Roddick