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Que Dios me perdone de Tito Davison, avec Maria Félix, éclairé par Alex Phillips et coécrit par José Revueltas et Xavier Villaurrutia, offre l’un des rares exemples de film mexicain à traiter de la Seconde Guerre mondiale, ainsi qu’une vision « noire » de la ville de Mexico présentée, inhabituellement, à travers le prisme d’un contexte historique et socio-économique spécifique. Nous sommes en pleine guerre. Don Esteban Velasco est un riche homme d’affaires qui semble faire fortune dans le boom industriel engendré par le conflit. Il tombe amoureux de Sofia. Celle-ci s’avère une espionne étrangère qui cherche à le manipuler pour qu’il révèle d’importants secrets (dont on ne connaîtra jamais la nature exacte). Bien que l’action se déroule loin de la rue, les décors franchement citadins, les bars, les hôtels particuliers, les cabarets obscurs, grouillent d’intrigues et de fauxsemblants, d’alcôves secrètes et de crimes épouvantables. Esteban, comme Sofia, seront trahis par Ernesto, un soi-disant ami d’Esteban, qui annonce très tôt dans le film vouloir profiter de la misère et de la mort qu’apporte la guerre. Ce film fait preuve d’une préoccupation caractéristique de l’époque pour la psychologie, non seulement dans la manière dont il aborde les probables conséquences humaines de la guerre, mais aussi à travers son exploration des systèmes de manipulation, de chantage et d’identités multiples. Le rôle de María Félix est double. Même si Davison et Revueltas montrent moins d’intérêt pour sa sexualité que Gavaldón ou Bracho, elle figure néanmoins un monde moderne immoral, capitaliste et industriel. Elle est le « sous-produit de l’obscurité, qui jette un voile sur la Terre entière ».
Chloë Roddick