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Restauré en 4K à partir du négatif image original au Laboratoire L'Immagine Ritrovata di Bologna, sous la supervision de Pathé, avec le soutien du CNC.
Après avoir été l’assistant de Pierre Chenal, Fédor Ozep et Jean Grémillon, Louis Daquin passe à la réalisation en 1941 avec une production Pathé remarquée, Nous les gosses. C’est à nouveau Pathé qui lui confie la réalisation de Premier de cordée, adaptation d’un roman à succès de l’écrivain alpiniste Frison-Roche, après deux incursions dans le genre policier. Dans le contexte idéologique de l’époque, Premier de cordée avait a priori tout pour séduire les tenants de la Révolution Nationale : retour à la nature, exaltation des valeurs viriles et de l’effort individuel, sens du patriarcat et « triomphe de la volonté ».
Mais c’est un film bien différent que proposent Daquin et son équipe (le chef opérateur Philippe Agostini, le compositeur Henri Sauguet et le chef décorateur Lucien Aguettand). Le scénario d’Alexandre Arnoux centre le récit sur l’opposition entre un père, ancien guide de haute montagne reconverti dans l’hôtellerie, et son fils, dont la vocation d’alpiniste se trouve contrariée à la fois par son père et par sa crainte du vertige. Réalisé pour l’essentiel en décors naturels dans la vallée de Chamonix, le film repose sur une série d’antagonismes : père contre fils, montagne contre vallée, vocation contre devoir. Il constitue au final un hymne discret à cet esprit de résistance qui n’était pas encore triomphant (et que Daquin traitera avec plus d’insistance dans Patrie en 1945).
Dans ce film sans vedettes, on distinguera le beau portrait de femme « libre » dressé par Irène Corday (la fiancée du jeune alpiniste) livrant ce message explicite : « Il faut combattre. Il faut se surmonter. »
Joël Daire