Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauré en 2K par les Sociétés Arrow Films, Cinématographique Lyre et Comeci, en partenariat avec les laboratoires L'Immagine Ritrovata di Bologna et Hiventy (Paris) à partir du négatif 35mm original et du négatif son italien original.
Ressortie en salles par Théâtre du Temple Distribution le 3 juillet 2019.
C’est évidemment le succès international des Vikings de Richard Fleischer (1958) qui décida les dirigeants de la Galatea d’en réaliser des copies bon marché. La Ruée des Vikings de Mario Bava ne fut pas le premier avatar transalpin de l’œuvre de Fleischer. Il y eut, quelques mois auparavant, Le Dernier des Vikings de Giacomo Gentilomo dont le film de Bava reprendra les acteurs principaux, Giorgio Ardisson et Cameron Mitchell. Si le scénario, signé Oreste Biancoli, Piero Pierotti et Mario Bava lui-même, reprend les motifs du film de Fleischer, dont celui de la séparation de frères devenus ennemis sans connaître le lien qui les unit, les moyens en sont beaucoup plus limités. Le cinéaste transcende, dès lors, comme à son habitude, cette économie contrainte pour accoucher d’une fantaisie colorée et poétique, usant d’effets spéciaux à la fois astucieux et modestes, reconstruisant par exemple une bataille navale en studio, faisant de pauvreté, vertu.
Le film accumule les visions baroques et macabres. Les vanités encombrent les plans et la représentation de la violence dépasse les conventions du temps. Tragédie shakespearienne pour salle du samedi soir, La Ruée des Vikings est une splendeur plastique tout autant qu’un dispositif reprenant une combinatoire baroque où le motif de la vengeance, celui du double et de la gémellité, celui du courage et du pardon, s’affranchissent de toute détermination psychologique pour engendrer les conditions d’un véritable poème des éléments. Les personnages y sont les habitants d’un monde archaïque, une « préhistoire de la conscience » (André Bazin), un abysse des pulsions où l’eau et le feu se mêlent furieusement.
Jean-François Rauger