Réouverture des salles le 2 janvier 2026, à l’issue d’un mois de traitement intensif et rigoureux des espaces, comprenant un traitement approfondi des fauteuils et des moquettes, ainsi que des contrôles canins renforcés. L’efficacité de ces mesures permet de garantir des conditions d’accueil optimales, avec des salles certifiées exemptes de punaises de lit.
Restauré par le CSC – Cineteca Nazionale, en collaboration avec StudioCanal et sous la supervision de Luciano Tovoli, au laboratoire L'Immagine Ritrovata di Bologna, à partir de négatifs originaux de la Dean Film (de Pio Angeletti e Adriano De Micheli), conservés à la Cineteca Nazionale. Distribué par Tamasa Distribution.
Nous nous sommes tant aimés est presque un manifeste pour la défense de l’éthique et de l’esthétique d’un genre, qui a constitué une sorte d’autobiographie en direct de la société italienne. C’est justement Ettore Scola qui l’a illustrée, en tant que scénariste corrosif de Un Américain à Rome, Le Fanfaron, Les Monstres et Je la connaissais bien. Entre les années 1960 et 1970, entre le « miracle économique » et les conflits sociaux, la méchanceté cède la place à une nostalgie teintée d’autocritique. Scola raconte l’histoire de Gianni, Nicola et Antonio qui, après avoir participé à la Résistance, se sont heurtés à la vie. Il met en scène trois « masques » fortement connotés : Vittorio Gassman, un riche bourgeois spéculant dans le bâtiment, Stefano Satta Flores, un cinéphile militant pour la pureté des idéaux néoréalistes et Nino Manfredi, avec sa simplicité prolétarienne authentique. Stefania Sandrelli est Luciana, qui représente pour tous les trois les attraits concrets d’une beauté éblouissante ainsi que le mythe d’une autre vie possible, mais trop exigeante pour Gianni/Gassman, qui préfère se marier avec la fille (Giovanna Ralli) d’un promoteur véreux, magistralement interprété par Aldo Fabrizi ; trop abstraite pour Nicola/Satta Flores, pigiste de cinéma à la page des spectacles du quotidien communiste L’Unità, qui lutte pour joindre les deux bouts.
À la fin, elle choisira une existence simple et concrète avec Antonio/Manfredi. Luciana est le miroir dans lequel ces trois hommes se voient vivre, et le regard affectueux, désabusé de Stefania Sandrelli est nécessaire (ainsi que l’autodérision des protagonistes) afin de donner au film un souffle plus ample, plus libre, en ajoutant du rythme et du panache à ce qui constitue, aujourd’hui, un témoignage sur l’identité italienne.
Sergio Toffetti