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Restauré en 4K par Criterion, la Cineteca di Bologna et Titanus à partir du négatif et positif originaux 35mm. La bande sonore a été remastérisée à 24bit à partir du négatif son.
Plus que de ses personnages dans les films de Germi, Antonio Pietrangeli s’inspire de Stefania Sandrelli dans La Belle de Lodi de Mario Missiroli (1963), « petite patronne lombarde » qui, dans la société de consommation naissante, se contente de l’échange argent/amour, s’accordant une relation payante avec un beau mécanicien. Et cela même si dans le Je la connaissais bien du miracle économique, Adriana fréquente plutôt les banlieues : employée de maison, coiffeuse, ouvreuse dans une salle de cinéma, caissière dans un bowling, mannequin pour un défilé dans un village, aspirante starlette n’obtenant qu’un rôle de figurante dans un péplum, victime d’une fausse interview pour un Ciné-journal, où l’on se moquera cruellement d’elle. Ce film est, d’un côté, une comédie typique « à la romaine », principale variante géopolitique de la « comédie à l’italienne », dont elle se distingue, souvent, pour ses clins d’œil au cinéma : le mythe du succès, l’environnement social ambigu, sans scrupules, cynique, amoral, comme le décrit Risi, dans ces mêmes années, dans Une vie difficile ou bien Pasolini dans La Ricotta, dans une sorte de renversement du mythe de l’engagement imposé par la critique italienne.
Ce dernier se condense ici dans l’une des scènes les plus cruelles du cinéma italien (qui pourtant en regorge), avec un Ugo Tognazzi en vieil acteur comique de cabaret forcé de faire des claquettes à une fête jusqu’à frôler l’arrêt cardiaque. Pietrangeli ‒ qui, initialement, fît aussi passer un casting à Catherine Spaak – ose une mise en scène appartenant pleinement à la « nouvelle vague à l’italienne ». Et Stefania Sandrelli démonte avec désinvolture un certain moralisme de la gauche, regardant le monde avec la disponibilité naïve d’un Candide égaré.
Sergio Toffetti