L'Ami américain

jeudi 8 mars 2018, 18h30

18h30 20h35 (123 min)

L'Ami américain Der Amerikanische Freund
Wim Wenders
République fédérale d'Allemagne-France / 1976 / 123 min / DCP / VOSTF
D'après le roman Ripley s'amuse de Patricia Highsmith.

Avec Bruno Ganz, Dennis Hopper, Lisa Kreuzer.

Atteint de leucémie, Jonathan est mourant. Pour assurer un avenir à sa famille, il accepte la proposition d'un trafiquant de tableaux américain : tuer un inconnu contre une forte somme d'argent.

Restauration 4K à partir du négatif original 35 mm, menée par la Fondation Wim Wenders.


Avec L’Ami américain, inspiré par deux romans de Patricia Highsmith, Wim Wenders transplante dans la ville hanséatique de Hambourg l’imaginaire du film noir américain et se livre à une formidable relecture réflexive du genre, n’ayant rien à envier à ses plus beaux fleurons. Jonathan Zimmerman, un modeste artisan encadreur dont les jours sont comptés, croise la route de Tom Ripley, un Américain négociant en œuvres d’art, qui le convainc d’exécuter un « contrat » pour le compte d’un riche homme d’affaires français, Raoul Minot. Un vortex aventureux semble alors aspirer Zimmerman hors de son existence bien rangée, pour le transporter au cœur d’une dimension funèbre mais néanmoins excitante.
Hanté par la morbidité, imbibé du climat humide de son décor portuaire, illuminé par des clairs-obscurs glauques et des demi-jours douteux, L’Ami américain investit la division des deux Allemagnes comme l’écran paranoïaque où s’engouffrent les ombres mouvantes d’une cinéphilie constituée. C’est pourquoi l’on retrouve, dans des rôles de gangsters, des « pères » en cinéma tels que Nicholas Ray ou Samuel Fuller, mais aussi des cinéastes-amis comme Jean Eustache ou Daniel Schmid. Entre Paris, Hambourg et New York, le film caresse une urbanité maussade et lugubre, dont la froideur anticipe l’atmosphère des années 1980. Le personnage de Zimmerman, dans la vie duquel s’invitent des intérêts qui le dépassent, est voué à faire l’expérience d’une amitié masculine salvatrice, relation privilégiée de l’univers de Wim Wenders, en ce qu’elle échappe momentanément à toute forme de détermination sexuelle.

Mathieu Macheret