Milou en mai

samedi 17 mars 2018, 15h00

Salle Henri Langlois

15h00 16h30 (90 min)

Louis Malle
France-Italie / 1989 / 108 min / 35 mm

Avec Michel Piccoli, Miou-Miou, Michel Duchaussoy, Dominique Blanc.

Une vieille dame s'éteint dans une grande demeure du Sud-Ouest. Son fils Milou, qui s'occupe de la propriété, convoque toute la famille pour l'enterrement. Mais en ce mois de mai 1968, la France est en pleine révolution.

Autour du corps de la grand-mère défunte, une étrange farandole, qui chante à tue-tête La Fille du bédouin. Un joyeux bordel, un moment d’explosion, irrévérence et tendresse mêlées, à l’image de tout le film. Louis Malle prend un malin plaisir à égratigner la bourgeoisie de province en plein Mai 68, injecte de la dérision dans chaque plan, réglant de loin quelques comptes avec sa propre histoire. Au fur et à mesure, le puzzle familial, avec sa ribambelle de caractères, compose le visage de la France soixante-huitarde, au fin fond du Gers. Autour de Milou/Piccoli, Miou-Miou en bourgeoise coincée qui cuisine et chante du Mozart, suprême ironie vingt ans après Les Valseuses, ou encore Dominique Blanc, césarisée pour son rôle de lesbienne cassante, et Bruno Carette dans sa dernière apparition. Les scènes de repas ponctuent et épousent l’histoire, sombrant peu à peu dans une douce décadence, déjeuner classique, dîner aux chandelles, pique-nique organisé et finalement repas improvisé dans la nature. C’est là que que se retrouvent et se révèlent les personnages de ce film choral avec, toujours, en toile de fond, Paris et ses événements, si loin et si proche. Ponctué par le jazz de Grappelli, vif, joyeux, ou des bribes de L’Internationale, le printemps s’installe et la sève monte, entre badinage et discussions politiques. Une parenthèse enchantée, comme si Malle et son scénariste Jean-Claude Carrière avaient eu, eux aussi, envie d’appliquer la recette de Voltaire, citée par Milou : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé »…


90 min

« J'avais peur de ces scènes si difficiles à mettre au point, où figurent jusqu'à douze personnages importants. J'avais peur aussi du mélange de ton. J'ai pensé à Renoir, le cinéaste que j'admire le plus et, modestement, j'ai tenté de retrouver son ironie, ses ambiguïtés. » (Louis Malle, 1990)

À la suite de la projection de Milou en mai, table ronde avec Renato Berta, Dominique Blanc et Jean-Claude Carrière, animée par Frédéric Bonnaud.


Dominique Blanc a été, au théâtre comme au cinéma, l'une des plus fidèles complices de Patrice Chéreau. Sous sa direction, elle obtient en 1999 le César du meilleur second rôle pour Ceux qui m'aiment prendront le train et, en 2010, le Molière de la comédienne pour sa prestation dans La Douleur.

Renato Berta est un directeur de la photographie suisse. Il a collaboré entre autres avec Jean-Luc Godard, André Téchiné, Louis Malle, Manoel de Oliveira et Claude Chabrol. Fidèle compagnon de route de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet, Renato Berta a signé l'image de plus d'une dizaine de leurs films.

Jean-Claude Carrière est écrivain et scénariste. Il a en particulier collaboré avec Luis Buñuel (Le Journal d'une femme de chambre, Belle de jour, Le Charme discret de la bourgeoisie, La Voie lactée, Le Fantôme de la liberté, Cet obscur objet du désir), Pierre Étaix, Louis Malle, Patrice Chéreau, Milos Forman (Taking Off, Valmont, Les Fantômes de Goya).

Frédéric Bonnaud est directeur général de la Cinémathèque française.