Vers le bonheur

vendredi 23 juin 2017, 17h00

Salle Georges Franju

17h00 18h40 (97 min)

Mauritz Stiller
Suède / 1920 / 97 min / 35mm / INT.FR.

D'après une pièce de Ferenc Herczeg, A Kék Roka.

Avec Karin Molander, Anders De Wahl, Tora Teje.

Trois hommes et deux femmes badinent avec l'amour…

Au début de Vers le bonheur, un riche entomologiste se passionne pour la vie sexuelle des scarabées pendant que quatre laborantins tournent comme des mouches autour de sa nièce. De son côté la femme du professeur, reine des abeilles en mal de mâles, s'envoie en l'air lors d'une sublime séquence en avion où, de là-haut, dans le dos de son pilote et possible amant, elle fait de l'œil à un autre qui la suit du regard depuis le plancher des vaches. Mauritz Stiller use de sa caméra comme d'une longue vue doublée d'un microscope et ausculte avec une sympathie lucide la plus « drôle  » de toutes les espèces, la nôtre. Le ton est badin, licencieux pour son époque, civilisé, comme il se doit entre gens du monde, même si la longue représentation théâtrale insérée au milieu du film donne à ce marivaudage son épaisseur historique et une perspective tragique. On sait que le Lubitsch allemand s'est inspiré du Trésor d'Arne pour les scènes de foule de La Femme du Pharaon (1921), et le Lubitsch américain de Vers le bonheur dans Comédiennes (1924) où il se débarrasse des « lourds accessoires de son comique allemand » (Lotte Eisner). Quant à Octave dans La Règle du jeu (Jean Renoir, 1939), c'est encore avec émotion qu'il évoque « le vieux Stiller » ; on dit même que Renoir aurait eu un temps le projet d'un remake sonore de Vers le bonheur.

Bernard Benoliel


Copie teintée tirée en 2005 par le Svenska Filminstitutet d'après un négatif noir et blanc établi dans les années 1960 issu une copie nitrate teintée. Les photogrammes restant d'une copie nitrate originale ont servi de référence à la couleur (procédé Desmet).