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Premier film en Scope de Lang et retour à la MGM pour y tourner un petit film d'aventures avec Stewart Granger, star maison habituée à ce type de rôle. Résultat, dixit Patrick Brion : « Un superbe film de studio. Un pur film d'auteur. » (Frédéric Bonnaud)
Depuis Fury (1936), Fritz Lang n'avait plus tourné dans les studios de la MGM. Seul film dans la carrière du réalisateur tourné en CinemaScope – procédé dont il dit dans Le Mépris que « ce n'est pas fait pour des hommes [mais] pour des serpents ou les enterrements » –, Les Contrebandiers de Moonfleet se démarque de l'exploitation souvent conventionnelle qui en est faite par son utilisation restrictive, voire détournée. Lang y redéfinit sans relâche le cadre. Il réprime, défie ou atténue les étirements horizontaux induits par le procédé en traçant des cercles comme autant de focales plus ou moins fermées. Les hauteurs rendues plus réduites se conforment à un ciel écrasant et une lande aux arbres pliés par le vent. Sur l'écran large aux extrémités souvent plongées dans la pénombre, John Mohune avance à tâtons jusqu'à trouver l'explication rationnelle des mystères et superstitions qui ne s'avèrent que des zones d'ombre sur lesquelles la lumière n'a pas été jetée. Lang s'adapte ainsi magistralement aux contraintes imposées par la MGM pour extraire du scénario un joyau de mise en scène. Néanmoins, à sa sortie en 1955, Les Contrebandiers de Moonfleet est un échec commercial. Le public boude ce qu'il croit être un film de série. Il faudra attendre sa sortie en France en 1960 pour que le film connaisse un succès à la fois critique et populaire.
Mehdi Taïbi