Plan Vigipirate Urgence attentat
En raison des ralentissements liés aux contrôles de sécurité à l’entrée du bâtiment, nous vous conseillons d’arriver 30 minutes avant le début de votre séance, les retardataires ne pouvant être acceptés en salle. Nous vous rappelons que les valises et les sacs de grande taille ne sont pas acceptés dans l’établissement.
À bord du Darjeeling Limited est le cinquième long métrage de Wes Anderson. Il impose l’univers fascinant et coloré du cinéaste, où décors élaborés et costumes délicats le disputent à une mise en scène dynamique et nerveuse. Les petits espaces des compartiments et le couloir exigu du train obligent à une construction méticuleuse dans un cadre réduit, le train lui-même figurant l’histoire qui avance.
Le film s’ouvre sur ce qui paraît une course poursuite. Il y a bien une course : celle entre Bill Murray et Adrien Brody, pour qui il s’agit de monter dans le train qui vient de partir. Course entre deux générations d’acteurs, seul le plus jeune parviendra à bord du Darjeeling Limited : c’est son aventure, un voyage initiatique, après l’enfance. Peter (Adrien Brody) rejoint à bord ses deux frères, Francis (Owen Wilson) et Jack (Jason Schwartzman). Ils entament ensemble un voyage « spirituel » à travers le Rajasthan dont l’objet sera, pour ces garçons en quête de sens familial, de reconstituer une fratrie décomposée et, plus matures, de réapprendre à vivre. Traiter des sujets forts (et parfois embarrassants) à la manière d’une comédie d’aventures légère et mélancolique est un art ici parfaitement maîtrisé par Wes Anderson. Le film, émouvant et sensible, à l’esthétique affirmée et à la mise en scène élégante, approche avec intelligence les difficultés des personnages à être au monde. En l’occurrence une partie du monde, l’Inde, où ils se retrouvent à la fois perdus et bouleversés.
Les trois frères trimballent une tonne de valises chics et personnalisées, dont on se demande ce qu’elles peuvent bien contenir (on les ouvre seulement pour y trouver des antidépresseurs et un gaz lacrymogène servant au cadet à tenir ses aînés à distance) et dont c’est peu de dire qu’elles encombrent. Leur mission achevée (retrouver leur mère retirée dans un monastère himalayen), les frangins, montés in extremis à bord du train du retour, contemplent leurs bagages jetés à terre, épars, comme on regarde s’éloigner un passé trop lourd, encombrant. Adultes, ils sont soulagés. Et nous, ravis.
Matthieu Grimault