Les Proscrits

mercredi 19 avril 2017, 19h00

Salle Jean Epstein

19h00 20h45 (101 min)

Les Proscrits Berg-Ejvind och hans hustru
Victor Sjöström
Suède / 1918 / 101 min / 35mm / INT.FR.
D'après la pièce Fjalla-Eyvindur de Jóhann Sigurjónsson.

Avec Victor Sjöström, John Ekman, Edith Erastoff.

« L'extrême simplicité, la véracité quasi documentaire, le don d'atmosphère qui font de ce film de reconstitution historique un témoignage authentique tant tout y paraît surpris et vrai jusque dans ses moindres détails, et cela malgré une hauteur de ton, une stylisation du jeu exigée par la noblesse du sujet et, par cela même, ajoutaient à l'impression d'authenticité. La splendeur des paysages choisis cependant en fonction du sentiment de l'action, la fluidité de la narration, font des Proscrits l'un des grands moments de l'histoire de l'art du film. » (Henri Langlois)

Les Proscrits a été aimé d'emblée : « J'ai vu acclamer un film scandinave par des spectateurs français » (Louis Delluc, 1919). Le voir presque cent ans après sa réalisation, c'est faire l'expérience d'une audace formelle intacte : lumière naturelle, nuit intensément noire, figures et espace, flash-back et images mentales. C'est découvrir ce que pouvait un art qui n'en avait pas le nom, en l'occurrence célébrer la splendeur d'une nature qui, elle-même, prodigue tout – y compris un linceul quand la vie n'est plus permise à ceux qui s'aiment. Avec le recul, c'est éprouver surtout le film comme une promesse : celle de l'œuvre à venir de Sjöström sachant rendre visible l'invisible, à savoir le mouvement des âmes. Mais plus encore, il est une promesse pour le cinéma tout entier. Un seul exemple : quand Berg-Ejvind déclare son amour à Halla et qu'elle-même, à tout jamais transportée, le demande une seconde fois en mariage, quand tous deux se déclarent sur le champ mari et femme, dans quel film sommes-nous : Les Proscrits ou, déjà, dans Johnny Guitar, ce western lyrique tourné quelque quarante ans plus tard et sur un autre continent ? « Voir un film de Sjöström – dixit Henri Langlois, 1956 –, c'est monter vers un air de plus en plus pur. »

Bernard Benoliel