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Gremlins (1984) fut un énorme succès commercial qui propulsa Joe Dante parmi les réalisateurs les plus côtés d’Hollywood. Après quatre ans d’insistance, la Warner parvient à convaincre le metteur en scène de réaliser une suite, avec la promesse d’une liberté totale et d’un budget bien supérieur. Dante sort alors du tournage de The Burbs, qui reçoit un accueil public et critique catastrophique.
Épaulé par le scénariste et journaliste Charlie Haas, très au fait des problématiques urbaines et en particulier des immeubles « intelligents » en vogue dans les années 1980 (puisque l’intégralité de l’action de Gremlins 2 se déroule au sein de l’un d’eux), Dante imagine une satire du capitalisme et du monde des médias d’une inventivité folle et débridée, bien plus irrévérencieuse que le premier opus. Les affreuses petites bêtes reptiliennes prennent d’assaut la « Clamp Tower », immense building new-yorkais bourré de technologies absurdes, création mégalomane du milliardaire Daniel Clamp, parodie évidente de Ted Turner et d’un certain Donald Trump, alors magnat de l’immobilier. L’enthousiasme enfantin et la jouissance destructrice des Gremlins permettent à Dante de donner libre cours à son mauvais esprit et à son goût pour les citations cinéphiliques (et la pop culture américaine du XXème siècle) dont il parsème le film sans relâche. Son influence principale reste les cartoons produits par Warner Bros. ou MGM, et Dante rend dès le générique un hommage à l’un de ses maîtres, Chuck Jones.
Les créatures sont beaucoup plus nombreuses et caractérisées par des comportements humains que dans le premier épisode. En quelques années, les effets spéciaux ont fait des progrès considérables et permettent à Dante de donner à chaque Gremlin une expressivité et une personnalité uniques et extravagantes. L’un d’eux (qui deviendra de fait le leader) est même doté de parole et parodie de façon hilarante un philosophe snob à l’accent britannique auquel Tony Randall prête sa voix. La liberté du film, son humour sauvage et la violence de sa charge politique dérouteront le public et l’empêcheront de rencontrer l’immense succès du premier volet.
Caroline Maleville