The Hedonists

lundi 20 février 2017, 19h00

Salle Jean Epstein

19h00 20h55 (113 min)

The Hedonists 营生 [Yingsheng
Jia Zhangke
Chine / 2015 / 25 min / DCP / VOSTF / Film inédit en France.

Avec Han Sanming, Liang Jindong, Yuan Wenqian.

Trois chômeurs du Shanxi trouvent du travail dans un parc d'attraction.

Depuis plusieurs années, le Festival de Hong Kong invite des cinéastes asiatiques à réaliser chacun un court métrage inspiré par l'air du temps. Au dernier festival, le film Beautiful 2016 comprenait un segment mis en scène par Jia Zhangke – toujours dans son Shanxi natal. Une mine ferme, spectacle courant en Chine, que Jia traite ici avec un humour vengeur. Lui-même apparaît comme un « patron » cruel et ironique. Nos trois anti-héros (en lesquels on reconnaîtra des visages familiers du cinéma de Jia), maintenant au chômage, se retrouvent figurants d'un parc d'attractions qui donne dans le « rétro dynastique »– mais sans trop se soucier d'exactitude historique, ce qui crée un « conflit du travail » d'un genre inédit.

Bérénice Reynaud


Né en 1970 à Fenyang dans la province du Shanxi (lieu de tournage de nombre de ses films), Jia Zhangke entre dans le département « théorie du cinéma » de l'Institut du Cinéma de Pékin, où il réalise trois courts métrages ; l'un deux, Xiao Shan Going Home (1995) remporte un prix au festival de Hong Kong, et lui permet de rencontrer trois jeunes gens – le réalisateur/directeur de la photographie Yu Lik-wai, le producteur Li Kit Min, et le producteur/monteur Chow Keung – qui deviennent ses proches collaborateurs et avec qui il crée deux sociétés de production, pour assurer son indépendance et soutenir le travail de jeunes réalisateurs : Hu Tong Communications à Hong Kong et Xstream Pictures en Chine populaire.

En 1997, son premier long métrage, tourné en 16mm, Xiao Wu, artisan pickpocket, est un succès international ; il fait jouer Xiao Wu par son ancien condisciple, Wang Hongwei (qui incarnait déjà Xiao Shan), qui en devient une icône et une personnalité du cinéma indépendant chinois. Il passe au 35mm avec son film suivant, Platform (2000) où il donne un rôle à une jeune danseuse, Zhao Tao, qui allait apparaître dans pratiquement tous ses films et finalement devenir sa femme. Il se lance dans le numérique avec In Public (2001), et P*laisirs Inconnus* (2002). Son cinquième long métrage de fiction, Still Life (tourné en tandem avec le documentaire Dong sur le site du Barrage des Trois-Gorges) remporte le Lion d'or à Venise en 2006. 24 City (2008), Touch of Sin (2013) et Au-delà des montagnes (2015) ont tous eu leur première mondiale à Cannes.


Mr. Tree Hello,树先生! [Hello! Shu Xian Sheng
Han Jie
Chine / 2010 / 88 min / 35mm / VOSTF / Film inédit en France.

Avec Wang Baoqiang, Zhuo Tan, He Jie.

Les habitants d'un petit village du Jilin sont menacés d'expulsion par une compagnie minière. Alors que tous semblent s'y résigner, Shu, l'idiot du village, les conduit peu à peu à la résistance.

Mr. Tree a reçu le Grand prix du Festival de Shanghaï.


Jia Zhangke a produit deux films de Han Jie, jeune réalisateur né comme lui dans le Shanxi. Le premier, Walking on the Wild Side (2006), remporte le Tiger Award à Rotterdam; le second, Mr. Tree, le Grand prix à Shanghai. Décrit par Maggie Lee comme « une fable sur la cupidité et l'avarice, racontée sur un ton absurde, mais tournée avec un réalisme quasi-documentaire » Mr. Tree se cristallise autour du personnage créé par l'acteur Wang Baoqiang : un idiot du village, qui est peut-être doté de pouvoirs surnaturels. Petit campagnard, Wang était tombé amoureux des films de kung fu et quitte son village à 14 ans pour venir à Pékin, où il bat longtemps la semelle à chercher du travail de figurant à la porte du studio de Pékin. Révélé à 19 ans dans Blind Shaft (2003) de Li Yang, il continue de projeter et de perfectionner son image de faux innocent au charme irrésistible dans ses films suivants, tels que A World Without Thieves (2004) de Feng Xiaogang) et dans des séries de télévision populaire. Plus récemment, il a incarné le paysan devenu travailleur migrant qui tue pour nourrir sa famille dans A Touch of Sin (2013) de Jia Zhangke.

Han Jie oppose son personnage principal, Shu (ce qui veut dire « arbre » en chinois), sa vie familiale troublée, son mariage avec une jeune femme sourde et muette, sa bonne humeur, à l'apathie d'un village menacée d'expropriation illégale par une grosse compagnie minière. Alors que tous les habitants ont accepté la maigre indemnité qu'on leur a offerte et ont quitté leurs maisons – scénario que se répète, hélas, dans toute la Chine – Shu refuse de bouger – reproduisant un autre scénario, celui de la résistance au pouvoir quand un résident refuse de se laisser exproprier. Dans la réalité, de tels exemples de résistance se terminent souvent mal, avec la défaite de l'individu confronté aux compagnies minières ou immobilières. Mais Han Jie penche du côté de la fable... Un miracle n'est pas impossible, n'est-ce-pas, Mr. Tree ?

Bérénice Reynaud


Né en 1977 dans la province du Shanxi, Han Jie fait des études de cinéma à l'Université Normale de Pékin, où il réalise son premier court métrage, New Year (2003). Il travaille d'abord comme directeur de la photographie, puis met en scène son premier long métrage, Walking on the Wild Side (2006). À la suite d'une commande de la ville de Paris pour l'exposition « Dans la ville chinoise », il réalise le court métrage Being and Nothingness (2008). La même année, il produit Cucumber, le premier film du réalisateur indépendant Zhao Yao-wu. Mr. Tree est son second long métrage. Il a depuis réalisé un film d'action, Three Warriors (2016).