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Malgré son irrévérence, Les Démons à ma porte occupe une place dans le canon des œuvres cinématographiques et littéraires qui dénoncent, sur un registre tragi-comique, les souffrances infligées par la guerre aux petites gens. Ne passant à la couleur que dans la séquence finale, le directeur de la photographie Gu Changwei (dont nous passons Paon, le premier film en tant que réalisateur) a tourné le film sur une belle pellicule 35mm noir et blanc. Jiang compose une vision fragmentée où alternent plans d’ensemble et gros plans, tenant l’équilibre entre horreur et humour, et le film exprime une sympathie réelle pour le sort des paysans chinois sous occupation japonaise tout en jetant un regard bienveillant sur les faiblesses humaines et les ridicules touchants de ses personnages – qu’ils soient Chinois ou Japonais. Dans le rôle de Ma Dasen, un jeune paysan constamment tiraillé entre la farce villageoise et l’héroïsme involontaire, il donne une interprétation hors pair.
Bérénice Reynaud
« Située en 1945 dans un bled chinois occupé par les Japonais alors que le conflit touche à sa fin, cette chronique villageoise débute le soir où un inconnu dépose un mystérieux paquet sur le seuil d’une maison chinoise. L’encombrant colis contient deux soldats japonais que le couple de paysans chinois est sommé de rendre vivants aux autorités militaires nipponnes à une date ultérieure. La nouvelle se répand dans le village et dans un début de panique, on convoque les sages. A partir de ces prémisses tragiloufoques, Jiang Wen (dés)ordonne une comédie délirante où gags, quiproquos et dialogues comico-philosophiques s’enchaînent à toute vapeur, une marmite de folie bouffonne où mijotent adultère et rivalités claniques, méfiance sino-nipponne et rancœurs de voisinage, intérêts particuliers et raison collective… Les dialogues et la tonalité de Jiang Wen évoquent d’ailleurs une version asiatique de l’humour juif auquel ils n’ont rien à envier question logique de l’absurde et dialectique en roue libre… Bien qu’à mille lieux de tout académisme et débordante d’énergie et de fantaisie mal-pensante, cette première partie du film est loin de nous laisser deviner ce qui va advenir ensuite, quand l’affaire des deux prisonniers et la co-existence sino-japonaise vont être chauffées jusqu’à l’incandescence… On s’incline volontiers devant un film et un cinéaste d’un tel tempérament. »
Les Inrocks
Les Démons à ma porte a reçu le Grand prix au Festival de Cannes.
Version originale restaurée par le cinéaste, courtoisie de Raymond Hau, Anglo Alliance Co., Ltd.
Remerciements à Albert Lee, Michael Werner, Erik Siao, Patrick Zhu et Jiang Wen.
Né en 1963 dans la province de Hebei dans une famille de militaires, Jiang Wen grandit à Pékin à partir de l’âge de 10 ans. De 1980 à 1984, il étudie à l’Académie centrale d’art dramatique de Pékin. Sa ressemblance avec l’empereur Puyi, lui fait emporter le rôle pour La Dernière Impératrice (1986) de Chen Jialin. Il atteint une reconnaissance internationale avec son rôle de bandit amant de Gong Li dans Le Sorgho rouge (1987) de Zhang Yimou. Il s’est aussi imposé par ses rôles dans La Ville des Hibiscus (1986) de Xie Jin, Neige noire (1990) de Xie Fei, Li Lianying, eunuque de l’empereur (1991) de Tian Zhuangzhuang), The Emperor’s Shadow (1996) de Zhou Xiaowen, Keep Cool (1997) de Zhang Yimou, The Missing Gun (2002) de Lu Chuan, L*etter from an Unknown Woman* (2004) de Xu Jinglei (montré dans ce programme), etc… Dans la communauté chinoise, il est très connu pour son interprétation d’ Un Pékinois à New York (1992), série télévisée de Zheng Xiaolong. Il joue le rôle de Baze Malbus dans Rogue One : A Star War Story (2016) de Gareth Edwards.
Il passe à la mise en scène avec Des jours éblouissants (1994), dont le style le rapproche momentanément des réalisateurs de la 6ème génération. Son second film, L*es Démons à ma porte* (2000), lui vaudra un Grand Prix à Cannes. Il est aussi l’auteur de Le Soleil se lève aussi (2007), Let the Bullets Fly (2010) et Gone with the Bullets (2014).