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Sorti en 1932, Histoire d'un amour est l'adaptation du best-seller de Fannie Hurst, Back Street, qui fut également porté à l'écran en 1941 par Robert Stevenson, et en 1961 par David Miller. Le titre original, littéralement traduisible par « rue arrière », symbolise peut-être mieux l'enjeu principal du film. Celui de narrer l'histoire d'une femme prisonnière d'une relation passionnée mais dans laquelle elle est réduite à ne faire partie que de l'arrière-plan de la vie de son amant.
Histoire d'un amour est sans doute le summum du mélodrame hollywoodien, version Stahl. Version Stahl car, ce qui frappe d'emblée, est la sobriété de sa forme, sans effets superflus. Ici, pas de narration complexe, pas de retour en arrière ou autre ressort dramaturgique : le film dévoile son récit dans une chronologie simple, le scénario reposant sur des liens de causalité évidents et les scènes s'enchaînant avec fluidité. Notons cependant l'usage de l'ellipse : un aspect non négligeable puisque tout semble se jouer dans ces images auxquelles nous n'avons pas accès, comme si les vies des personnages suivaient leurs cours dans le hors champ du film.
De fait, il convient d'évacuer ici l'idée selon laquelle le mélodrame serait le genre de l'excès. Du moins, chez Stahl, il ne l'est aucunement. À la différence de ces mélodrames grandiloquents, le cinéaste raconte un monde sans fard, finalement peu séduisant. Un monde de rues arrières, de passages oubliés, d'appartements emplis de solitude, autant de vignettes successives qui, à l'instar de fenêtres sur le monde, dévoilent des portions de vie, telles qu'elles sont, dans l'envers d'un décor, celui des conventions sociales.
Cette économie de moyens se retrouve aussi dans le jeu des acteurs. Aucune théâtralité inutile : au contraire, les performances sont presque teintées d'un aspect clinique. D'une part, le jeu tranquille d'Irene Dunne, magnifique actrice qui jouera à nouveau chez Stahl, dans Le Secret magnifique, en 1935, et Veillée d'amour, en 1939, et que l'on retrouvera également, tout aussi sobre, dans Elle et Lui, de Leo McCarey, en 1939. D'autre part, face à elle, John Boles, incarnant une fois de plus l'archétype du séducteur creux mais touchant, typique de l'univers stahlien, un rôle tout de même plus en finesse que celui qui fut le sien dans Une nuit seulement.
Ainsi, Histoire d'un amour est un film matérialisant ce que le cinéma a de plus beau à nous offrir, lorsque la technique est économe. Serait-ce en ce point que résiderait l'apport de Stahl ? Le mélodrame selon lui est peut-être minimaliste mais non moins poignant et parfaitement maîtrisé. On associe souvent le nom de Stahl à celui de Douglas Sirk, qui réalisa des remakes de certains de ses films, comme Le Secret magnifique (1954) ou Mirage de la vie (1959). En un sens, la comparaison n'aurait pas lieu d'être, tant leurs contributions pour le cinéma sont différentes, chacun concevant le mélodrame à sa manière.
Parce que c'est justement cette épure, aussi bien narrative que visuelle, qui participe de la réussite du film, mais également de la filmographie stahlienne. Parce qu'Histoire d'un amour, c'est non seulement une plongée dans l'intimité des sentiments et dans cette attente de l'amour, mais aussi, et surtout, dans la vie quotidienne d'une femme, dans le dénuement le plus vrai.
Hala Habache