La Traversée de Paris

samedi 26 mars 2016, 14h30

Salle Georges Franju

14h30 15h55 (82 min)

Claude Autant-Lara
France-Italie / 1956 / 82 min / DCP
D'après la nouvelle La Traversée de Paris de Marcel Aymé.

Avec Jean Gabin, Bourvil, Louis de Funès.

Paris, 1943. Martin, chauffeur de taxi réduit au chômage par la pénurie d'essence, effectue des transports clandestins de viande pour le marché noir. Une nuit, il croise la route d'un certain Grandgil, à qui il propose de l'accompagner.

Tout le monde connaît l'adresse : 45, rue Poliveau, chez monsieur Jambier. Et le tarif : 2 000 francs. Jambier, c'est Louis de Funès, dans un petit rôle mais ô combien important dans ce moment charnière de sa carrière. La réplique est célèbre, signée Aurenche et Bost qui adaptent Marcel Aymé, et gueulée par un Jean Gabin monumental. À ses côtés, Bourvil joue sans problème le naïf impressionné. On raconte que pour tourner la scène où les deux acolytes font connaissance, l'acteur, qui n'avait jamais rencontré Gabin, était réellement mort de trac face au monstre sacré. Claude Autant-Lara filme le Paris de l'Occupation, côté sombre, côté nuit. Comme sujet, le marché noir et ses combines, et une idée savoureuse : « Se taper un cochon de la rue Poliveau à la rue Lepic... se farcir toute la traversée de Paris avec partout les flics, les poulets, et les Fritz... et les souliers qu'on use. Le tout au pas de chasseur, en plein noir. Six kilomètres... » Le tournage a lieu au printemps 1956, les rues de la capitale sont reconstituées en studio par le génial décorateur Max Douy. Les noirs et blancs sont magnifiques, et donnent au film des accents expressionnistes tout en peignant par touches le petit milieu de la débrouille et des bistrots. Gabin s'en donne à cœur joie, s'offre la tirade la plus célèbre du cinéma français en aboyant contre les « salauds de pauvres », Bourvil apporte son éternelle douceur, le duo fonctionne à merveille. La Traversée de Paris connaît un succès phénoménal, public et critique. Ce qui n'empêchera pas son réalisateur d'être décrié quelque temps plus tard par la Nouvelle Vague, lassée du « cinéma de papa ». Peu importe, le plaisir est là, et le film est devenu en quelques décennies un monument du cinéma français, qu'apprécieront même les adversaires de la qualité française.