Pasqualino

samedi 29 juillet 2006, 21h30

Salle Georges Franju

21h30 23h30 (120 min)

Lina Wertmüller
Italie / 1975

Avec Giancarlo Giannini, Fernando Rey.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Pasqualino, petit mafieux un peu minable, profite de son parachutage en Allemagne pour déserter l’armée italienne.

Restauré en 2019 par le Centro Sperimentale di Cinematografia- Cineteca Nazionale à partir des négatifs originaux fournis par RTI-Mediaset en collaboration avec Infinity. Travaux de laboratoire réalisés à Cinema Communications Services Rome. Restauration de la bande-son par Federico Savina.


Première femme à avoir été nommée à l'Oscar de la meilleure réalisation, Lina Wertmüller a fait de l'exacerbation le motif névralgique de son œuvre. Dans une grande débauche formelle et narrative, la cinéaste s'est évertuée à dilater les travers d'une société italienne qualunquiste, machiste et concupiscente, en les faisant conjointement endosser à l'écran par de minables héros. Pasqualino « Settebellezze », petit caïd régnant en tyran sur les femmes de sa famille, se fait le flamboyant archétype du personnage wertmüllérien. Entraîné malgré lui dans le tourbillon de la Seconde Guerre mondiale, celui-ci nous apparaît toujours plus antipathique à force de décisions opportunistes, prises au détriment de ses camarades. Loin de l'épique homérien, son odyssée ressemble bien plus à un cirque grotesque, si ce n'est nauséabond, tandis que nos sens sont constamment éprouvés par une mise en scène multipliant les gros plans difformes et les ambiances verdâtres – à l'image de cette douloureuse scène d'amour avec l'officier nazie. Une esthétique de l'avilissement dont la pierre angulaire réside dans la géniale interprétation de l'acteur fétiche de la réalisatrice, Giancarlo Giannini, qui, par la seule flamme de son regard, nous fait basculer de l'érotique au libidineux, du gracieux au vulgaire, de la panthère à la hyène. La proposition est radicale et fait feu de tout bois. Difficile d'en sortir indemne.

Nicolas Métayer