Nous nous sommes tant aimés

dimanche 2 juillet 2006, 19h00

Salle Henri Langlois

19h00 20h55 (115 min)

Nous nous sommes tant aimés C'eravamo tanto amati
Ettore Scola
Italie / 1974 / 115 min

Avec Nino Manfredi, Vittorio Gassman, Stefania Sandrelli.

Les aventures sentimentales croisées de trois amis, ex-résistants, qui racontent trente ans de l'histoire de l'Italie.

Restauré par le CSC – Cineteca Nazionale, en collaboration avec StudioCanal et sous la supervision de Luciano Tovoli, au laboratoire L'Immagine Ritrovata di Bologna, à partir de négatifs originaux de la Dean Film (de Pio Angeletti e Adriano De Micheli), conservés à la Cineteca Nazionale. Distribué par Tamasa Distribution.


Nous nous sommes tant aimés est presque un manifeste pour la défense de l’éthique et de l’esthétique d’un genre, qui a constitué une sorte d’autobiographie en direct de la société italienne. C’est justement Ettore Scola qui l’a illustrée, en tant que scénariste corrosif de Un Américain à Rome, Le Fanfaron, Les Monstres et Je la connaissais bien. Entre les années 1960 et 1970, entre le « miracle économique  » et les conflits sociaux, la méchanceté cède la place à une nostalgie teintée d’autocritique. Scola raconte l’histoire de Gianni, Nicola et Antonio qui, après avoir participé à la Résistance, se sont heurtés à la vie. Il met en scène trois « masques » fortement connotés : Vittorio Gassman, un riche bourgeois spéculant dans le bâtiment, Stefano Satta Flores, un cinéphile militant pour la pureté des idéaux néoréalistes et Nino Manfredi, avec sa simplicité prolétarienne authentique. Stefania Sandrelli est Luciana, qui représente pour tous les trois les attraits concrets d’une beauté éblouissante ainsi que le mythe d’une autre vie possible, mais trop exigeante pour Gianni/Gassman, qui préfère se marier avec la fille (Giovanna Ralli) d’un promoteur véreux, magistralement interprété par Aldo Fabrizi ; trop abstraite pour Nicola/Satta Flores, pigiste de cinéma à la page des spectacles du quotidien communiste L’Unità, qui lutte pour joindre les deux bouts.
À la fin, elle choisira une existence simple et concrète avec Antonio/Manfredi. Luciana est le miroir dans lequel ces trois hommes se voient vivre, et le regard affectueux, désabusé de Stefania Sandrelli est nécessaire (ainsi que l’autodérision des protagonistes) afin de donner au film un souffle plus ample, plus libre, en ajoutant du rythme et du panache à ce qui constitue, aujourd’hui, un témoignage sur l’identité italienne.

Sergio Toffetti