Rien que les heures

dimanche 13 septembre 2009, 15h00

Salle Georges Franju

15h00 16h50 (107 min)

Alberto Cavalcanti
France / 1926

Avec Nina Chowalowa, Philippe Hériat, Clifford McLaglen, Blanche Bernis.

Une des premières symphonies urbaines, promenade à travers Paris, des premières lueurs de l'aube jusqu'à la nuit suivante, de la beauté à la misère.

Rien que les heures, premier film de Cavalcanti, est considéré comme le prototype des symphonies urbaines des années 1920 : cette composition filmique s'attache à exprimer la dynamique de la capitale sur une durée de vingt-quatre heures. Paris partage avec toutes les métropoles un rythme frénétique, une activité sans relâche, de jour comme de nuit, une simultanéité d'actions de toutes natures. Montage rythmique, fondus et surimpressions, multiplicité des angles de prise de vue : l'approche formelle proposée par le cinéaste, ouverte à toutes sortes d'expérimentations visuelles (Cavalcanti aurait été le premier à utiliser le volet comme effet de raccord entre deux plans) ne doit pas occulter la dimension sociale de son film. Si « seule une succession d'images peut nous restituer la vie », comme l'indique l'un des intertitres, cette vie est tout sauf mécanique, désincarnée. Tout le film joue sur des effets de contraste entre ceux qui peuvent profiter des plaisirs offerts par la ville (les jolies mondaines, les derniers fêtards, les riches clients des restaurants...) et ceux qui y survivent. Et le cinéaste de poser son regard sur des personnages précis : une prostituée, une marchande de journaux, une vieille femme qui hante les rues de sa présence fantomatique. À l'écart de la frénésie urbaine, ils survivent et meurent comme des chats crevés. Caractéristiques du courant naturaliste documentaire, ils viennent teinter d'une sombre ironie les expérimentations avant-gardistes du film. Documentaire ? Film expérimental ? : « Sans expérimentation, le documentaire perd toute valeur, sans expérimentation, le documentaire cesse d'exister », écrit Alberto Cavalcanti dans ses Conseils aux jeunes réalisateurs de films documentaires.

Suzanne Hême de Lacotte

Restauration 4K en 2022 par Les Films du Panthéon, avec le soutien du CNC et de la Cinémathèque française, en collaboration avec Les Films du Jeudi, le Eye Filmmuseum et le BFI National Archive. Travaux réalisés au laboratoire Hiventy à partir d'une copie teintée conservée au Eye Filmmuseum, d'une copie teintée du BFI conservée au CNC et d'un contretype du BFI.


Jean-Paul Fargier
France / 2006 / 65 min

Avec François Chattot.

Immobilisé par un grave accident, un cinéaste, qui ne peut plus parcourir le monde, le contemple jour après jour depuis sa maison, plantée au milieu d'un grand jardin.

Film posthume conçu par Jean-Daniel Pollet alors qu'il se savait condamné, Jour après jour fut terminé par son ami et proche collaborateur, Jean-Paul Fargier, qui a monté 365 photos prises par le cinéaste, une par jour, pendant une année. Arbres, fleurs, fruits, animaux. Table, verre de vin, lampe... Des instantanés de son univers familier, mis en texte par Fargier d'après les notes de Pollet. Film de partage mais aussi d'adieu, émouvant et poétique, véritable viatique pour un voyage dans l'au-delà.