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Le second film en couleur des Straub, adapté des Affaires de M. Jules César, de Bertold Brecht. Un homme roule dans la Rome des années 70, au fil de longs travellings, puis s'entretient avec quatre personnages de l'Antiquité. Le présent dialogue avec le passé : un gouffre de vingt siècles dans un même plan, mais toujours les mêmes mécaniques du pouvoir et de l'oppression.
« Le film au fond est très simple. C'est une prise de conscience d'un jeune bourgeois qui vient avec toute sa naïveté et son ignorance, c'est l'histoire d'une colère qui monte et qui éclate. (...) Ce n'est pas un film psychologique, mais il y a une psychologie souterraine qui travaille comme un torrent souterrain et qui tout d'un coup apparaît à la surface de la terre et qui est la colère du jeune homme qui explose à la fin du film (...). La mémoire collective n'est pas moins digne de foi que les historiens qui écrivent, parce que peut-être la mémoire collective, au contraire, c'est le peuple qui écrit l'histoire. De nos jours, des individus écrivent l'histoire ; quels sont ces individus ? Ils appartiennent à la classe dominante. Donc c'est la classe dominante qui écrit l'histoire ; il n'y a pas besoin d'être le banquier de Leçons d'histoire, qui parle par la bouche de Brecht, pour dire : c'est nous qui avons écrit les livres d'histoire, donc c'est nous qui avons pu imposer notre conception des choses, c'est-à-dire le capitalisme naissant, le commerce, la démocratie, etc. » (Jean-Marie Straub)