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Contraint de quitter sa maison, construite à Porto au début des annéees 1940, Manoel de Oliveira décide de réaliser un film sur l'architecture, l'esprit et le vécu de cette demeure familiale dont il revendique une part de paternité. Il évoque des souvenirs qui y sont attachés puis, par enchaînement, d'autres souvenirs liés à d'autres lieux qui ont marqué sa vie. Au-delà des confidences que livre le réalisateur alors âgé de soixante-treize ans, le spectateur peut identifier à l'image plusieurs signes familiers de l'oeuvre passée et surtout de l'oeuvre à venir d'un cinéaste qui a encore presque toute sa carrière devant lui. Il livre des réflexions sur les thèmes qui habitent ses films : la mort, la pureté, les femmes, la virginité, la sainteté... dans une longue séquence de plans fixes. Une visite d'amis, prétexte narratif du film, est l'occasion d'une visite des lieux nous rappelant que la maison est un des grands thèmes de l'oeuvre du cinéaste. Comme la maison a sa part de mystère, le film renferme peut-être des secrets qui se livreront avec les années. C'est sans doute pourquoi Visite ou Mémoires et Confessions était sous scellés depuis presque trente-cinq ans.
Par ailleurs, en faisant de son film une oeuvre posthume, Oliveira poursuit sa réflexion sur le cinéma. Après Amour de perdition et Francisca, juste avant Le Soulier de satin (1985) et Mon cas (1986), Visite ou Mémoires et Confessions se trouve à un moment décisif dans la maturation de l'esthétique du réalisateur. À l'époque, son analyse l'avait mené à nier la nature propre du cinéma qu'il définissait comme un simple « procédé audiovisuel de fixation », une sorte de satellite du théâtre. Avec Mon cas, il approfondit sa réflexion en établissant une distinction matériel/immatériel entre ces deux expressions artistiques. Visite ou Mémoires et Confessions va implicitement plus loin. Au « je ne suis pas là », immatériel, consubstantiel de la nature de l'oeuvre cinématographique, Oliveira substitue un « je ne suis plus là ». Si le spectateur a sur l'écran Manoel de Oliveira, du moins son image, c'est parce qu'il n'est plus là, qu'il n'est plus dans ce monde. C'est son fantôme que nous voyons. Mais la vie continue comme le suggèrent les lumières qui s'allument à l'étage alors que les visiteurs prennent congé de la maison.
Jacques Parsi
À l'issue de sa réalisation, Manoel de Oliveira a déposé le négatif et une copie du film à la Cinémathèque portugaise qui, à sa demande, les a conservés et a sauvegardé le film dans les années 1990 ; puis a réalisé des copies de présentation 35 mm et DCP en 2015. En avant-première parisienne de sa ressortie en salles par Epicentre en avril 2016.