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Restauration en 4 K par le laboratoire Cosmo Digital à partir du négatif original (super16 scope), avec le soutien financier de MK2.
C’est Sébastien Lifshitz, qui co-écrit ses films avec Bouquet, qui a poussé son ami dans cette quête, avec l’enjeu d’en tirer un film. Le réalisateur démarque son documentaire, qu’il dira « travaillé par la fiction », de l’esthétique du reportage télévisé. Pas de vidéo, donc, mais de la pellicule (emportée par l’équipe aux États-Unis, ce qui induit, pour l’économiser, de faire d’emblée de vrais choix de mise en scène). Et un format d’image Scope, qui, en plus de rattacher le film au cinéma américain par excellence, du road movie au western, capture au mieux les paysages fantasmés depuis l’enfance par Stéphane, qui y projetait son père absent. Sa voix, off, livre un récit introspectif bouleversant, notamment sur un montage de photos de lui et de sa mère – insertion d’ailleurs récurrente dans les films de Lifshitz, photographe avant d’être cinéaste, et collectionneur de clichés amateur. Plus on se rapproche du lieu probable de résidence du père, plus la tentation de fiction s’estompe. « Il faut que le réel prenne la place du rêve » dit la voix. Surgit alors non plus l’Amérique de cinéma, mais celle, plus crue, des « villes identiques ceinturées de motels et de supermarchés… un monde comme photocopié ». Ce délicat film-portrait, témoignage de l’amitié entre le filmeur et le filmé, a l’intelligence de ne pas faire un point d’orgue des retrouvailles finales, entrevues à juste distance. L’exploit, c’est bien la traversée, pas uniquement son résultat.
Laurence Lécuyer