Trois ans avant de jouer dans Viridiana, Francisco Rabal incarne le père Nazario, ascète à la charité sans limite qui le contraint à une vie misérable. Mis au ban de l’Église pour non-conformisme, le saint homme poursuit son chemin de croix à travers la campagne mexicaine, ravagée par la famine et les épidémies. Mais ses tentatives de prêcher l’amour divin sont constamment remises en cause par la médiocrité des hommes.
Profondément pessimiste, le film – qui faillit recevoir le prix de l’office catholique du cinéma –, déconcerta avec son message à la fois anticlérical et chrétien. À certains critiques qui lui reprochèrent d’avoir basculé dans le camp catholique, Buñuel déclara : « Chacun est libre de trouver dans mon film ce qui lui plaît. Personnellement, j’ai été confondu quand j’ai lu certains commentaires : où les gens vont-il chercher ce qu’ils écrivent ? J’aime Nazarin parce que c’est un film qui m’a permis d’exprimer certaines choses qui me tiennent à cœur. Mais je ne pense pas avoir renié ou abjuré quoi que ce soit. Grâce à Dieu, je suis toujours athée. »