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Road movie dans son principe, road movie tardif (vingt ans après l'élan et la triste euphorie d'Easy Rider), À bout de course fait défiler au générique de début la ligne blanche discontinue d'un macadam à deux voies, soit cette histoire increvable et cette promesse éternelle de la route américaine. C'est donc l'histoire d'un couple d'activistes en fuite depuis les années 1970 et obligé de reconnaître, au nom du fils – un adolescent embarqué dans leur cavale et hors-la-loi malgré lui –, que l'heure est venue, non de renier les engagements et choix du temps de la guérilla urbaine, mais de poser les armes et donner un autre avenir à leur enfant parvenu à la croisée de ses propres chemins. River Phoenix – sorte de Mozart américain du jeu d'acteur – devra idéalement réussir la synthèse entre son aspiration à une vie « normale » (sédentaire) et un héritage politique et artistique venu d'une famille de nomades qui finit par s'évanouir dans le hors-champ, le laissant seul et possiblement libre d'inventer la suite. À l'image de cette apothéose, le film de Lumet ne cesse de bouleverser, sans verser dans le pathos, et il faut, entre autres scènes, avoir vu celle entre un père et sa fille remis en face l'un de l'autre après quinze ans d'éloignement, d'incompréhension et d'amour retenu. À bout de course, un film qui ne cesse de monter et descendre la gamme de nos affects, raconte en vérité le choix déchirant pour tout un chacun entre la chaleur des sensations venues de l'enfance et l'accès nécessaire, solitaire aussi, à une expression consciente d'elle-même.
Bernard Benoliel