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Interrogée à la télévision en 1975, Liliane de Kermadec répondait à l’éternelle question sur la définition du cinéma de femme :
« En tant que femme, je cherche mon identité. En tant que cinéaste, je cherche mon langage. »
Traversée par un discours féministe, l’oeuvre de Liliane de Kermadec n’a effectivement cessé d’être le théâtre de ses expérimentations. Qui donc a rêvé, son deuxième court-métrage sorti en 1965, en est l’une des illustrations les plus audacieuse formellement. Ce film expérimental tourné dans un noir et blanc onirique est inspiré de La traversée du miroir de Lewis Carroll. La jeune héroïne, une Alice en quête de pouvoir, croise Delphine Seyrig, incarnant une reine blanche pourtant vulnérable.
Restauré en 2022 par la Cinémathèque française avec le concours du laboratoire du CNC et du studio L.E. Diapason, Qui donc a rêvé marque par sa virtuosité esthétique et ses mouvements de caméras hypnotiques qui nous plongent dans ce rêve. La couleur rouge y surgit même quelques instants, comme une surprise.
Si Liliane de Kermadec a toujours abordé avec nuances l’émancipation féminine dans sa filmographie, Qui donc a rêvé n’y échappe pas. La jeune Alice accédant finalement au rang de reine, n’est ramenée qu'à son apparence physique une fois couronnée. Delphine Seyrig l’acclame d’une multitude de “Que vous êtes belle”, ironiquement prononcés par l’une des voix du féminisme. La fièvre du film terminée, nous restons finalement avec ces questions : quelle est la source de notre imaginaire, et surtout, qui donc a rêvé ?
Zoé Richard