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Censure, difficultés de production, un tournage en zone libre sous l’Occupation, des noms comme celui de Trauner, décorateur juif, passés sous silence au générique, et un très mauvais accueil à sa sortie… Lumière d’été achève d’installer Grémillon en cinéaste maudit. Et pourtant, cette parabole au sous-texte anti-collaborationniste, émaillée de détails à double sens, contient toute l’essence de son cinéma. Un cinéma social, limpide, parfois hors du temps, comme détaché, presque onirique. Grémillon filme l’affrontement de deux mondes aux creux desquels se joue un drame intimiste. « Grémillon retravaille autrement le rapport entre les gens et se trouve au plus près de leur vérité », expliquait Jean Douchet. Ici, c’est à la fois la droiture des personnages tendus vers un but simple et noble (Michèle et son amour) ou leur faiblesse et leur humanité, en même temps qu’un très beau portrait de femme. Sélectionné au Festival du film maudit de Biarritz en 1949, Lumière d’été parvint, par la poésie réaliste des dialogues signés Prévert et Laroche, et par l’interprétation des comédiens, à séduire les cinéphiles. Henri Langlois ne s’y trompera pas, qui, après avoir porté Grémillon à la présidence de la Cinémathèque française, se démènera pour acquérir le film et en tirer de précieuses copies, tordant ainsi le cou à la malédiction.
Copie restaurée par SNC et la Cinémathèque française.