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Le cinéaste finlandais entame sa « trilogie des losers » en suivant la survie quotidienne d'un couple qui se retrouve au chômage. Désemparés, sans voix, femme et mari se confrontent à une crise qui met à l'épreuve la force de leur lien. Si Kaurismäki ne recule jamais devant la tristesse des situations, l'humanisme et l'esprit décalé de ses personnages apportent autant de réconfort qu'un verre d'alcool ou qu'une chanson échappée d'un vieux microsillon. Et dans le paysage sinistre de la ville, émaillé de couleurs chaudes, une lueur d'espoir semble ranimer la fierté de toute une génération de travailleurs, prêts à relever la tête pour contempler un horizon plus radieux.
Écrit en trois jours (après une lente rumination), tourné en moins d'un mois et monté en trois semaines, Au loin s'en vont les nuages, 13e film de l'immense Ari Kaurismäki, est un drame gai, ou du moins une histoire triste vue et filmée par un admirateur finlandais de Buster Keaton. C'est aussi l'histoire d'hommes et de femmes dignes dans un monde obscène, des losers sans doute, selon le regard commun, mais en vérité des lutteurs du quotidien, qui tombent (souvent) et se relèvent à chaque fois. Des personnages filmés avec un amour qui n'a d'égal que la colère d'un cinéaste contre le monde comme il va (à sa perte). C'est surtout un film à l'incroyable tenue formelle, où un plan rappelle ce que peut être un plan de cinéma ; où un simple voyage à deux en tram et de nuit fait ressentir tout le bonheur et la fierté d'un couple ordinaire ; où, soudain, un travelling avant sur un visage sait communiquer un effet de grandeur – la moindre des choses sans doute pour magnifier des héros ; où le principal effet spécial du film est ici le cinéma lui-même. Comme son dernier film en date (Les Feuilles mortes, 2023), Au loin s'en vont les nuages avait été sélectionné en compétition officielle au festival de Cannes 1996.
Bernard Benoliel