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Après un échec total à sa sortie, notamment à cause de son amoralité, le film a été lentement mais sûrement reconsidéré pour ce qu'il est. Un chef-d'œuvre intemporel, d'une immense modernité et d'un grand classicisme. Il déploie une énergie subversive qui renvoie avant tout à la complexité de la condition humaine à travers une histoire d'amour interdite, mais surtout en montrant les illusions, la croyance et la foi que l'on peut développer face au deuil. La rencontre de Jean-Claude Carrière, Jonathan Glazer, Nicole Kidman et Harris Savides est un miracle. Mais les miracles existent. Il y a dans la scène de l'opéra le plus beau plan jamais tourné avec Nicole Kidman. — Bertrand Bonello
Hué lors de sa présentation à la Mostra de Venise pour sa supposée indécence, Birth fut descendu par la presse internationale à sa sortie, qui se solda par un un échec commercial retentissant. Avec le recul, on se demande aujourd'hui encore comment ce film, l'un des plus beaux de ce nouveau siècle, a pu susciter la controverse, puis six mois plus tard, un tel désintérêt. Plus cruel que Les Autres et Le Sixième sens, avec lesquels il entretient un lointain cousinage, Birth n'a du film de fantômes que quelques oripeaux d'emprunt. Le scénario à tiroirs de Jean-Claude Carrière et Jonathan Glazer creuse d'autres sillons, plus intimes, plus douloureux, qui font basculer le film dans la tragédie, et son héroïne dans la folie – L'Aventure de madame Muir, mais drapé de noir, et joué par un orchestre de chambre. Nicole Kidman y trouve le plus grand rôle de sa carrière (sidérant plan-séquence de l'opéra), sublimé par la photographie spectrale du regretté Harris Savides, la partition d'Alexandre Desplat et la mise en scène élégiaque de Jonathan Glazer. C'est un film d'une tristesse insondable, où l'on croise les fantômes de Bergman, Buñuel, Antonioni et Kubrick, rien de moins. C'est, en d'autres mots, un pur chef-d'œuvre.