Plan Vigipirate Urgence attentat
En raison des ralentissements liés aux contrôles de sécurité à l’entrée du bâtiment, nous vous conseillons d’arriver 30 minutes avant le début de votre séance, les retardataires ne pouvant être acceptés en salle. Nous vous rappelons que les valises et les sacs de grande taille ne sont pas acceptés dans l’établissement.
Un flambeur loser se lance dans la triche à grande échelle. Magnifiés par la photographie de Robby Müller (Paris, Texas), Jacques Dutronc et Bulle Ogier traînent leur spleen hagard sous les spots d'un casino de Madère. À rebours du romantisme de La Baie des Anges (Jacques Demy), autre grand film sur l'obsession du jeu, Schroeder porte un regard d'anthropologue sur l'addiction.
Après avoir échoué à monter financièrement dans un premier temps un projet de film co-écrit par Charles Bukowski, qui deviendra Barfly en 1987, Barbet Schroeder tourne en 1983 Tricheurs, adapté avec Pascal Bonitzer de la véritable histoire de Steve Baes. Ce flambeur professionnel interprète d'ailleurs le directeur du casino de Madère, dont les tentacules de béton dessinées par l'architecte Niemeyer enserrent l'un des principaux théâtres d'aventures de ses personnages ; des personnages qui, comme dans la plupart des films du réalisateur, donnent libre cours à leur passion dévorante sans qu'ils soient pour le moins jugés. Barbet Schroeder est le cinéaste des addictions. Après la drogue (More) ou le sadomasochisme (Maîtresse), il filme un « infilmable », autrement dit le jeu et son prolongement, l'art de tricher, dans une tension hallucinatoire qui culmine notamment à la fin du film. Jacques Dutronc et Bulle Ogier jouent une partition somnambulique, incarnant Elric et Suzie, les deux protagonistes principaux du film, entre nonchalance hagarde et sagacité. En fil rouge à leurs côtés s'inscrit la composition fiévreuse de Kurt Raab, réminiscence du monde de Fassbinder.
Bernard Payen